Akinwumi Adesina : « Une décennie de transformation au service de l’Afrique »
A l'occasion des Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD), le président sortant, Dr Akinwumi Adesina, a dressé un bilan éloquent de ses dix années à la tête de l’institution, saluant "une décennie de transformation", marquée par des avancées majeures. Ces Assemblées 2025, placées sous le thème « Mieux mobiliser les capitaux africains pour le développement de l’Afrique », marquent également le début d’une transition, avec l’élection à venir d’un nouveau président à la tête de la BAD.

Par Akinwumi Adesina*
Mesdames et Messieurs les représentants des médias,
Mesdames et Messieurs les membres de la haute direction du Groupe de la Banque africaine de développement,
Monsieur le directeur de la communication du Groupe de la Banque africaine de développement,
Chers collègues,
Chers amis,
Bonjour et bienvenue !
Je suis ravi de vous accueillir pour ce petit-déjeuner de bienvenue aux médias qui donne le coup d’envoi des Assemblées annuelles 2025 du Groupe de la Banque africaine de développement.
Il y a dix ans, ici même à Abidjan, je me tenais devant beaucoup d’entre vous pour la toute première fois, alors que je venais d’être élu président du Groupe de la Banque africaine de développement. Aujourd’hui, je vous souhaite la bienvenue non seulement aux Assemblées annuelles 2025, mais aussi à l’ultime chapitre d’une décennie remarquable de transformation.
Ce matin, je suis particulièrement heureux de partager ce moment avec vous. Cette session n’est pas seulement une tradition. C’est l’un de mes moments préférés lors des Assemblées annuelles. Cela me donne l’occasion de m’exprimer en toute franchise, de réfléchir profondément et de vous remercier sincèrement.
Au fil des ans, vous avez raconté l’histoire du Groupe de la Banque africaine de développement. Vous nous avez demandé des comptes. Vous avez partagé nos succès et, parfois, nos épreuves. Vous nous avez accompagné tout au long de ce parcours. C’est un moment de partage en famille.
Permettez-moi tout d’abord de vous remercier d’être venus si nombreux pour le lancement des dernières Assemblées annuelles de mon mandat. Les Assemblées annuelles 2025 ont une importance particulière, et pas seulement pour moi. D’ici à la fin de cette semaine, les actionnaires de la Banque auront élu le prochain président du Groupe de la Banque africaine de développement.
C’est un moment de renouveau, de transition et d’ambition renouvelée
C’est un moment de renouveau, de transition et d’ambition renouvelée. La direction peut changer, mais notre mission reste la même. La Banque garde le cap, ses voiles sont solides et son engagement en faveur du développement de l’Afrique est inébranlable.
Il est difficile de croire que le temps a passé si vite.
Lorsque j’ai été élu en 2015, je n’avais pas encore de cheveux gris. Aujourd’hui, mes cheveux arborent plusieurs nuances de gris !
Gris d’avoir passé dix années à œuvrer sans relâche pour faire avancer l’Afrique.
Gris de nos efforts inlassables pour faire de la Banque une institution financière respectée à l’échelle mondiale, qui a été classée meilleure institution financière multilatérale au monde.
Gris d’avoir conduit la Banque à réaliser la plus importante augmentation de capital de son histoire, le faisant passer de 93 milliards de dollars en 2015 à 318 milliards de dollars aujourd’hui, une réalisation sans précédent.
Gris d’avoir conduit la Banque à réaliser la plus importante reconstitution des ressources du Fonds africain de développement de son histoire, puisque nous avons réussi à mobiliser 8,9 milliards de dollars dans le cadre de sa 16e reconstitution.
Gris d’avoir travaillé aux côtés de mes équipes pour mener des innovations financières mondiales telles que le lancement d’instruments de capital hybride et de titrisation synthétique, devenant ainsi la première institution financière multilatérale au monde à le faire.
Gris de notre travail collectif pour faire en sorte de servir les populations africaines avec passion, dévouement et responsabilité, afin d’aider l’Afrique à se développer avec fierté.
Gris d’avoir tout donné au service des populations africaines.
Je me souviens très bien de mon premier Conseil d’administration en septembre 2015, lorsque j’ai déclaré aux administrateurs et au personnel de la Banque que j’allais engager le Groupe de la Banque africaine de développement dans un processus de transformation afin qu’il devienne la première institution de développement en Afrique. Pas seulement un bailleur de fonds, mais un véritable soutien. Pas seulement des chiffres, mais des vies.
Aujourd’hui, nous sommes devenus une banque centrée sur l’humain. Nous sommes la Banque des solutions pour le développement de l’Afrique
Aujourd’hui, nous sommes devenus une banque centrée sur l’humain. Nous sommes la Banque des solutions pour le développement de l’Afrique.
En 2015, lorsque nous avons levé l’ancre, nous avons lancé les « High 5 », les cinq priorités stratégiques de la Banque : éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie, nourrir l’Afrique, industrialiser l’Afrique, intégrer l’Afrique et améliorer la qualité de vie des populations en Afrique.
Ces « High 5 » représentaient les voiles de notre navire.
Aujourd’hui, alors que nous approchons du rivage de ma décennie en tant que président du Groupe de la Banque africaine de développement, la voile de notre navire reste haute et solide.
Voici un bref récapitulatif du chemin parcouru jusqu’à présent.
Les « High 5 » ont eu un impact sur la vie de plus de 565 millions de personnes en Afrique.
Pensez à ce qui suit :
- 128 millions de personnes ont désormais accès à des services de santé améliorés.
- 121 millions de personnes ont désormais accès à des transports améliorés.
- 104 millions de personnes bénéficient désormais d’une sécurité alimentaire.
- 63 millions de personnes ont désormais accès à l’eau potable.
- 34 millions de personnes ont désormais accès à des services d’assainissement améliorés.
- 28 millions de personnes ont désormais accès à l’électricité. Et grâce au Sommet africain de l’énergie-Mission 300, une initiative sans précédent lancée conjointement à Dar es Salam par le Groupe de la Banque africaine de développement, le Groupe de la Banque mondiale et d’autres partenaires, 300 millions d’Africains supplémentaires auront accès à l’électricité d’ici à 2030.
Ce ne sont pas seulement des chiffres. Ils représentent l’avenir. Ils représentent des espoirs qui se réalisent.
Lors de mon voyage au Lesotho il y a deux mois, je me suis rendu à l’école primaire de Sekete, où j’ai pu voir et ressentir les effets de notre travail sur la vie et les perspectives éducatives des enfants. Grâce au Projet d’approvisionnement en eau et d’assainissement dans le sud du Lesotho, les enfants ont désormais accès à des services d’assainissement, tout comme 30 000 personnes dans le district scolaire. La fréquentation scolaire a augmenté et les filles sont plus en sécurité à l’école. Lorsque j’ai visité l’unique centre médical du village, dont le personnel se compose d’une seule infirmière résidente, celle-ci m’a montré l’ancien puits où les gens faisaient la queue pour aller chercher de l’eau. Aujourd’hui, grâce au travail de la Banque, tous les foyers sont raccordés au réseau d’adduction d’eau.
Lors d’une visite dans un village de la vallée du Rift au Kenya, j’ai pu constater le pouvoir de changement que l’accès à l’électricité apportait aux villages grâce à notre Projet de connectivité du dernier kilomètre, qui finance le raccordement des ménages pauvres au réseau électrique.
Alors que je me rendais chez l’une des bénéficiaires, on lui a demandé si elle savait que la Banque africaine de développement avait rendu cela possible. On lui a également demandé si elle connaissait le président de la Banque africaine de développement. Elle a répondu : « Je ne connais pas la Banque africaine de développement. Je ne connais pas le président de la Banque africaine de développement. Tout ce que je sais, c’est qu’avant, nous étions plongés dans l’obscurité, et maintenant, nous avons la lumière. »
C’est cela, le développement !
Je constate l’impact du travail de la Banque sur la vie des populations en Égypte, où notre soutien à la station d’épuration de Gabal El Asfar permet aujourd’hui de fournir des services d’assainissement à 12 millions d’habitants. C’est désormais la plus grande station d’épuration d’Afrique, et elle devrait servir 17,5 millions de personnes d’ici à 2040.
Je vois l’impact de notre travail au Sénégal et en Gambie, où un rêve vieux de 50 ans est devenu réalité. Le pont Sénégambie, rendu possible grâce au Fonds africain de développement, a réduit à seulement 15 minutes une traversée en ferry qui durait auparavant deux jours. Les échanges commerciaux ont bondi. Les communautés se sont reconnectées.
Je vois l’impact de notre travail qui a aidé l’Afrique à éviter une crise alimentaire imminente après le déclenchement de la guerre en Ukraine. Alors que les gros titres annonçaient que le continent perdrait jusqu’à 30 millions de tonnes d’importations alimentaires essentielles (blé, maïs et oléagineux) en provenance de Russie et d’Ukraine, la Banque a réagi rapidement. Grâce à notre Facilité de production alimentaire d’urgence de 1,5 milliard de dollars, nous avons mis en œuvre le plan « Nourrir l’Afrique ». En seulement deux ans, 13 millions d’agriculteurs dans 29 pays ont eu accès à des semences et des engrais améliorés, ce qui leur a permis de produire 44 millions de tonnes de denrées alimentaires (116 % de plus que l’objectif fixé) d’une valeur de 17,3 milliards de dollars.
Les « High 5 » sont devenus les piliers du développement en Afrique
Les « High 5 » sont devenus les piliers du développement en Afrique.
Voilà ce qu’un leadership audacieux et un financement réactif peuvent accomplir.
On dit que le goût du pudding réside dans sa dégustation.
Si vous voulez savoir si quelque chose fonctionne, ne vous contentez pas de lire les nouvelles : demandez aux gens. Ils vous le diront.
C’est exactement ce que nous avons fait lorsque nous avons commencé à préparer notre nouvelle Stratégie décennale 2024-2033. Nos Conseils d’administration nous ont demandé de mener de larges consultations. C’est ce que nous avons fait : nous avons consulté nos 81 pays actionnaires. Nous avons discuté avec des chefs d’État, des ministres, des représentants du secteur privé, de la société civile, des jeunes, des femmes et des partenaires du développement.
Leur message était clair : continuez les « High 5 » !
Il est clair que les « High 5 » sont devenus le fondement de la transformation des économies africaines. Ce ne sont plus de simples priorités. C’est un mouvement. Je vous en dirai plus sur l’impact de la Banque au cours de ces dix dernières années demain, lors de la cérémonie d’ouverture des Assemblées annuelles.
Les voiles du navire de la Banque africaine de développement continueront d’être hissées haut et resteront solides pour faire face à tous les vents contraires qui pourraient se lever sur la voie du développement de l’Afrique.
Alors que je m’apprête à passer le relais, je le fais avec confiance. Je suis fier de laisser derrière moi une institution financière très solide, capable de résister aux tempêtes.
Nous sommes à la pointe de l’innovation financière mondiale. Nous approfondissons l’intégration régionale. Et nous préparons l’Afrique à jouer un rôle de premier plan dans les domaines de la sécurité alimentaire, de l’accès à l’énergie, de la transformation numérique et de la résilience climatique.
Mais nous avons besoin de partenaires. Nous avons besoin de gens qui racontent. Nous avons besoin des médias.
Votre rôle, Mesdames et Messieurs, est plus important que jamais. Vous n’êtes pas de simples observateurs. Vous amplifiez la voix de l’Afrique. Vous façonnez le récit. Vous nous poussez à nous remettre en question. Vous informez le monde.
Cette semaine, nous nous réunissons sur un thème audacieux et opportun : « Tirer le meilleur parti du capital de l’Afrique pour favoriser son développement ». Au cours des cinq prochains jours, nous organiserons des dialogues de haut niveau, des discussions stratégiques et des événements de partage de connaissances sur certaines des priorités les plus urgentes et les plus ambitieuses pour l’Afrique, allant de la stabilité macroéconomique et de la mobilisation des ressources nationales à la transition énergétique, en passant par la transformation des systèmes alimentaires et le financement climatique.
Ces Assemblées annuelles offriront une plateforme puissante pour repenser la manière dont l’Afrique mobilise, entretient et déploie ses propres richesses pour façonner son avenir
Du dialogue présidentiel au lancement du rapport « Perspectives économiques en Afrique », en passant par les discussions thématiques sur la mobilisation des capitaux dans un contexte économique difficile et le renforcement des institutions, ces Assemblées annuelles offriront une plateforme puissante pour repenser la manière dont l’Afrique mobilise, entretient et déploie ses propres richesses pour façonner son avenir.
Nous accueillerons plus de 5 000 délégués de 91 pays ici à Abidjan, parmi lesquels nos gouverneurs, des dirigeants politiques, des dirigeants du secteur privé, des universitaires, des représentants de la société civile et des médias.
Et vos reportages, vos articles seront essentiels. Vous façonnez la manière dont ces messages parviennent au monde et dont le monde s’engage avec l’Afrique.
Je vous invite donc de tout cœur à avancer avec nous cette semaine. Allez assistez aux sessions. Posez des questions difficiles. Racontez de vraies histoires.
Présider le Groupe de la Banque africaine de développement a été le plus grand honneur de ma vie. Cette décennie a été marquée par une détermination sans faille, une passion inébranlable et un dévouement indéfectible
Présider le Groupe de la Banque africaine de développement a été le plus grand honneur de ma vie. Cette décennie a été marquée par une détermination sans faille, une passion inébranlable et un dévouement indéfectible. Je vous remercie de m’avoir accompagné dans cette aventure.
Je lève mon verre au prochain chapitre de la Banque, de l’Afrique et de notre histoire commune.
À l’avenir !
À notre partenariat !
Et, bien sûr, aux « High 5 » !
Merci beaucoup et bienvenue à tous ! Faisons de cette semaine un moment inoubliable.
*Discours de bienvenue de M. Akinwumi A. Adesina Président du Groupe de la Banque africaine de développement et président de ses Conseils d’administration – Petit-déjeuner du président avec les médias