Membre actif de la diaspora, promoteur de la tech africaine, Rodrigue Fouafou, Camerounais de naissance et Canadien d’adoption, parcourt depuis plusieurs années les 5 continents en vue de connecter investisseurs internationaux et startups made in Africa. Afin de mieux comprendre les enjeux du continent, les besoins de l’écosystème tech africain, et par la même occasion se constituer un réseau de startups à fort potentiel, le jeune homme s’est lancé dans une tournée africaine. Ainsi après le Bénin, c’est au Rwanda que Rodrigue a donné RDV à ses pairs pour un Afro Tech Talk.
Par DBM, à Kigali
30 janvier, 18 heures et des poussières, un groupe de jeunes gens écoute, studieusement, l’histoire de Patrick Ngabonziza, fondateur et président de Mobicash. Une africaine success story. « En 2007, j’étais à Johannesburg, quand un samedi, ma vie s’est arrêtée. J’avais des problèmes d’argent, les factures se sont accumulées, j’ai eu des problèmes avec ma banque, les traites de la maison… Je me retrouvais dans la situation d’un sans-abri. Quand vous avez 60 ans, vous pouvez imaginer ce qu’il y avait alors dans ma tête…, raconte l’entrepreneur avec une sérénité qui captivera l’attention de l’auditoire. Mais, quelque chose m’a dit n’abonne pas, continue d’avancer. Et finalement, je suis devenu golden boy, j’ai construit mon immeuble, j’ai repris les affaires…Je renaissais ! »
« C’était une simple idée, je n’avais pas d’expérience ni dans l’économie, ni dans la banque mais je me demandais ce que je pouvais faire pour l’humanité ? »
Une renaissance qui se confirmera dans un secteur où l’homme, ingénieur en informatique de formation, est alors totalement novice. « Nous évoluons dans un système antisocial, poursuit-il. Quand vous avez de l’argent, les banques vous applaudissent, quand c’est l’inverse, elles vous ferment la porte au nez. » Alors que l’Afrique est caractérisée par une économie majoritairement présente dans l’informelle, Patrick a une conviction : il faut construire un autre système. « C’était une simple idée, je n’avais pas d’expérience ni dans l’économie, ni dans la banque mais je me demandais ce que je pouvais faire pour l’humanité ? » Car c’est bien cela qui fera la particularité, et le succès, de la solution Mobicash. Un modèle qui ne connait aucune frontière, aucune limite, adaptable à tout écosystème. « J’ai commencé par le Burundi. Vous connaissez les problèmes entre le Rwanda et le Burundi. Mais finalement j’ai obtenu ma première licence. Et l’aventure a commencé ainsi, en 2009, pierre par pierre. » Avec pour résultat une société qui collecte aujourd’hui 80 % des mutuelles de santé au Rwanda, compte 400 agents à travers le pays, et des millions de consommateurs.
Patrick Ngabonziza, fondateur et président de Mobicash
La patience. C’est le secret de ce pionnier qui invitera son jeune auditoire à rêver grand. Et c’est précisément l’objectif de l’Afro Tech Talk qui se tenait le 30 janvier à Kigali. Organisé par Rodrigue Fouafou, African Startups Ecosystem Builder, l’échange qui réunissait, outre Patrick Ngabonziza, Claire Tuyisenge, Akika-Hive Project Manager, donner aux jeunes entrepreneurs en herbe rwandais les clés de la réussite entrepreneuriale, à travers des expériences réussies.
« Une manière de vulgariser les activités tech dans les villes africaines »
« Afro Teck Talk est une initiative que j’ai commencée en janvier, alors que démarrais mon périple africain qui allait me mener dans 4 pays du continent, explique Rodrigue Fouafou, Camerounais de naissance et Canadien d’adoption, qui parcourt depuis plusieurs années les 5 continents en vue de connecter investisseurs internationaux et startups made in Africa. Je me suis dit qu’il valait mieux, dans le cadre de ma démarche panafricaine, organiser des rencontres tech & networking où l’on pourrait évoquer les défis, les enjeux locaux, la force de chaque écosystème et voir comment, en tant que diaspora, investisseurs, on peut apporter des solutions et collaborer. C’est une manière de vulgariser les activités tech dans les villes africaine. Par ce, par exemple, chaque année se tient l’Africa Tech Summit mais ceux qui n’ont pas la possibilité de se rendre à Kigali pour participer à l’évènement, n’ont pas accès aux informations échangées lors ce sommet. Il s’agit donc d’ amener la tech, le parler tech, dans différentes villes à travers le continent. »
Ainsi, après le Bénin, c’est stratégiquement, et tout naturellement, que pour son édition rwandaise, le RDV a été donné dans les locaux de KLab, le fameux pré-incubateur, acteur majeur de l’écosystème tech rwandais. « La prochaine étape, c’est Abidjan, mi-février, suivie de l’Éthiopie. L’objectif c’est 4 pays par mois. L’occasion de bâtir un réseau dans chaque pays afin que, quand les investisseurs m’appellent pour savoir quelles sont les startups gabonaises qui ont besoin de fonds , j’ai déjà constitué un réseau au sein de l’écosystème tech gabonais. »
« Nous devons avoir la maîtrise de nos données, pour apporter des solutions, et catalyser l’apport de la diaspora en matière de mentoring comme d’investissement »
C’est le défi que c’est lancé Rodrigue. Alors que 70 % de l’écosystème tech en Afrique est porté par l’extérieur, déplorera-t-il pendant la rencontre, il mise sur la diaspora pour catalyser les fonds nécessaire à l’éclosion de l’écosystème tech africain. « Nous devons avoir la maîtrise de nos données, pour apporter des solutions, et catalyser l’apport de la diaspora en matière de mentoring comme d’investissement ».