Afrique orientale et australe : les investissements étrangers atteignent des sommets historiques
En 2024, les pays de l’Afrique orientale et australe ont enregistré un afflux record de 65 milliards de dollars d’investissements directs étrangers (IDE) selon un récent rapport de la CNUCED, défiant la tendance mondiale à la baisse. Si cette dynamique illustre l’attrait croissant de la région pour les investisseurs internationaux, des défis structurels persistent pour garantir un développement inclusif et durable. Analyse.

En 2024, l’Afrique orientale et australe a connu une envolée historique des investissements étrangers. Selon le dernier rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), COMESA Investment Report 2025: Investment trends and policy insights, les flux d’IDE vers les 21 pays membres du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA) ont bondi de 154 %, atteignant 65 milliards de dollars, alors que les flux mondiaux ont enregistré un recul de 11 % sur la même période.

Cette progression spectaculaire, largement stimulée par le projet de développement urbain de Ras El-Hekma en Égypte, n’en reste pas moins significative si l’on exclut ce mégaprojet : les IDE auraient tout de même progressé de 16 %, signe d’une confiance accrue des investisseurs envers la région. Le COMESA représente désormais 4 % des IDE mondiaux, contre 2 % en 2023, et 7 % des flux destinés aux économies en développement, soit plus du double de l’année précédente.
Une dynamique tirée par les infrastructures et les services
Les investissements liés aux projets d’infrastructure et de services publics ont également atteint des niveaux records. Le financement international de projets (FIP) dans la région a augmenté de 93 %, totalisant 79 milliards de dollars, ce qui représente 80 % de la valeur totale du FIP en Afrique. Les secteurs de l’énergie renouvelable, de la construction et de l’expansion des réseaux figurent parmi les plus attractifs, avec des investissements majeurs en Égypte, Tunisie, Rwanda et Malawi.

Le greenfield investment, qui reflète l’implantation directe de nouvelles entreprises étrangères dans la région, est resté solide. La valeur des projets annoncés a atteint 77 milliards de dollars, soit les deux tiers de l’ensemble des investissements greenfield africains. Selon le rapport de la CNUCED, « ces chiffres témoignent de l’émergence du COMESA comme destination privilégiée pour les investissements de long terme, en particulier dans les infrastructures à forte intensité en capital et les projets liés à la transition énergétique ».
Des disparités régionales et sectorielles
Malgré ces succès, la concentration des IDE reste préoccupante. En 2024, cinq pays seulement – Égypte, Éthiopie, Ouganda, République démocratique du Congo et Kenya – ont capté 90 % des flux totaux. Cette situation pose la question de l’inclusivité et de la durabilité de la croissance. L’intégration économique intra-COMESA demeure faible : seulement 3 % des projets greenfield en volume et 6 % en valeur ont été initiés à l’intérieur du bloc, soulignant le besoin urgent de renforcer la coopération régionale.
Les performances sectorielles présentent également des contrastes marqués. Le secteur de la construction a connu une progression spectaculaire de 385 %, porté par l’Égypte, tandis que les métaux de base ont augmenté de 71 %. Les investissements dans l’énergie et le gaz ont continué à dominer avec une hausse de 22 %. En revanche, les industries extractives et les technologies de l’information et de la communication ont enregistré respectivement des baisses de 61 % et 55 %, après des années de forte croissance.
Dans le cadre des Objectifs de développement durable (ODD), les IDE ont progressé de 67 % dans les énergies renouvelables et de 130 % dans les secteurs liés au capital humain (santé et éducation). Toutefois, les investissements dans les systèmes agroalimentaires ont chuté de 34 %, et ceux dans l’eau et l’assainissement de 76 %, illustrant les défis persistants en matière de financement des infrastructures essentielles.
Vers une croissance plus inclusive et durable
Pour maintenir cet élan, le rapport de la CNUCED souligne l’importance d’élargir la base d’investissement au-delà des cinq économies dominantes et d’accélérer l’industrialisation en développant des industries à plus forte valeur ajoutée ainsi que des fournisseurs locaux. Il insiste également sur le renforcement des infrastructures numériques afin de combler le déficit d’investissements dans les TIC, tout en mettant l’accent sur le capital humain grâce à des financements innovants et mixtes pour l’éducation, la santé et le développement durable. Enfin, le rapport préconise d’améliorer le reporting des données pour soutenir des politiques économiques fondées sur des preuves.
La région a démontré sa capacité à attirer des investissements de grande envergure, mais il est essentiel de garantir que ces flux profitent à tous nos États membres et contribuent à un développement durable et équitable

Comme le souligne le Secrétaire général du COMESA, Chileshe Kapwepwe : « La région a démontré sa capacité à attirer des investissements de grande envergure, mais il est essentiel de garantir que ces flux profitent à tous nos États membres et contribuent à un développement durable et équitable.»
Consulter le rapport : COMESA Investment Report 2025: Investment trends and policy insights



