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Afrique du Sud Très faible croissance économique prévue 

L’Afrique du Sud est actuellement en proie à une série de vagues d’instabilité économique.  Si les problèmes sont structurels et datent d’avant la pandémie, les difficultés s’accentuent. Des éclaircies apparaissent toutefois dans ce sombre tableau avec une poussée positive des investissements locaux dans les énergies vertes.Explications avec deux économistes, Hugo Pienaar du  « Bureau for Economic Research » (BER) et Gina Schoeman de Citi Bank. 

Par Farai Diza, à Johannesbourg

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Le scandale du vol de l’exploitation agricole Phala Phala ainsi que les coupures d’électricité en cours ont aggravé les problèmes. L’un est politique. L’autre concerne le secteur de l’énergie. L’exploitation agricole Phala Phala se trouve à la périphérie d’une ville appelée Bela-Bela dans le Limpopo, la province la plus septentrionale d’Afrique du Sud. Selon son site web, elle s’étend sur 4 500 hectares. Le 1er juin 2022, Arthur Fraser, ancien directeur de l’Agence de sécurité de l’État sud-africain, l’agence d’espionnage du pays, est entré dans un commissariat de police de Johannesburg et a déposé une plainte pénale contre le président Cyril Ramaphosa. Fraser a accusé Ramaphosa d’enlèvement, de corruption, de blanchiment d’argent et de dissimulation d’un crime en relation avec le vol présumé de 4 millions de dollars dans sa ferme Phala Phala, dans une déclaration sous serment de 12 pages, accompagnée de photographies, de documents et de séquences de télévision en circuit fermé (CCTV) du vol présumé, selon Al Jazeera.

Gravement endettée, l’entreprise publique Eskom, qui produit 90 % de l’électricité du pays, se débat avec des centrales électriques vieillissantes et mal entretenues qui tombent régulièrement en panne. Pour pallier le manque, la population de 60 millions d’habitants et les entreprises sont soumises à des délestages programmés. La durée de ces coupures atteint des records depuis l’année dernière, jusqu’à plus de 11 heures par jour. Le pays se trouve actuellement dans les phases 3 et 4 de délestage sur une échelle allant jusqu’à 8, la dernière phase prévoyant plus de 13 heures de coupures par jour.

Partant de ce constat, l’économiste en chef au « Bureau for Economic Research » (BER), Hugo Pienaar, estime que le sort du pays sera déterminé cette année par un tiraillement entre, d’une part, des coupures de courant persistantes et un ralentissement notable de la croissance mondiale et, d’autre part, une poussée positive des investissements locaux dans les énergies vertes.

“Une croissance solide des investissements fixes du secteur privé”

En effet, le BER prévoit une croissance solide des investissements fixes du secteur privé de 4,7 % en glissement annuel avec la mise en œuvre attendue de certains des projets d’énergie renouvelable du secteur privé.

« Si vous voulez continuer à vivre en Afrique du Sud, vous devez devenir moins dépendant d’Eskom. Et, maintenant que les exigences en matière de permis sont devenues moins onéreuses, nous pourrions commencer à voir un boom des investissements dans les énergies vertes », confirme Hugo Pienaar.

Toutefois, le BER s’attend à ce que la croissance réelle des exportations du pays se contracte de 2 % en glissement annuel en raison du ralentissement mondial attendu, des délestages, qui devraient être au moins aussi importants que l’année dernière, et des problèmes persistants de Transnet dans le transport ferroviaire de marchandises.

Le résultat final dépendra de la mesure dans laquelle l’impulsion donnée par les investissements dans les énergies vertes sera plus forte que prévu, et de la mesure dans laquelle l’impact des délestages et du ralentissement mondial sera plus faible. Si tel est le cas, l’économie pourrait connaître une croissance un peu plus forte que prévu. Toutefois, il est plus probable que l’Afrique du Sud doive passer par une année 2023 plutôt sombre avant de voir une reprise décisive de la croissance.

« Les conditions mondiales ont un impact, l’inflation fait mal et les coupures d’électricité ne font qu’empirer les choses »

« Les conditions mondiales ont un impact, l’inflation fait mal, et les coupures d’électricité ne font qu’envenimer davantage la situation », observe pour sa part Gina Schoeman, économiste chez Citi Bank. Elle s’attend selon ses recherches à ce que l’activité économique ralentisse à 1,4% cette année avant de rebondir à 1,9% en 2024.

Elle relève également, qu’outre les délestages et les investissements fixes, les principaux déterminants du taux de croissance de l’Afrique du Sud seront les variations des prix des matières premières, en particulier du pétrole, ainsi que l’ampleur de la faiblesse du rand  car cela influencera la rapidité de la décrue de l’inflation et le délai dans lequel la Reserve Bank pourra assouplir sa position belliciste.

Mais la reprise de l’investissement fixe sera la « clé d’or », dit-elle. « Si l’Afrique du Sud parvient à tirer son épingle du jeu [en matière d’investissements fixes dans l’autoproduction et les énergies renouvelables], nous avons une chance de faire remonter la croissance vers notre moyenne historique d’environ 2,5 %. »

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