C’était à l’occasion de la conférence que cet institut spécialisé organisait le 28 mars 2023 dans la capitale économique du Cameroun.
Par Bernard Bangda, à Douala
Selon des statistiques déclinées par Will Mbiakop, le Chief Executive Officer (CEO) de l’African Sports & Creative Investment (ASCI), à Douala, au Cameroun, « avec un taux de croissance annuel de 5 % depuis 2000, l’économie mondiale du sport est florissante. Pendant ce temps, en Afrique, le sport ne contribue qu’à hauteur de 0,5% du PIB du continent. » Pour l’ancien directeur de la NBA Africa, « c’est une tendance qu’il faut inverser ». Le livre intitulé « Économie du sport : réalités, défis, opportunités », commis par l’ASCI et Michel Desbordes, voudrait y contribuer.
Dans cette étude menée par l’ASCI, la parole est donnée à « environ 2 000 acteurs de la chaîne de valeur du sport en Afrique », afin de définir les perspectives du secteur en Afrique. Parmi les 53 experts du continent acteurs avec les auteurs ont collaboré, l’on cite Makhtar Diop, Fatma Samoura, Tidjane Thiam, Didier Drogba et Vera Songwe. Tous conviennent que « le continent manque d’informations sur l’économie du sport ; le manque d’infrastructures sportives, de capital humain indiqué et de financement complexifie le cadre juridique, des affaires et d’investissements liés au sport ». Du coup, l’ASCI propose « la formation des femmes et des hommes qui vont comprendre le business du sport en Afrique ».
« La promotion de l’économie du sport en Afrique passe aussi par la rentabilisation des infrastructures »
Et le contexte s’y prête. Selon Will Mbiakop, « l’Afrique a un potentiel extraordinaire avec un marché commun d’1,4 milliard de personnes dont la moyenne d’âge est de 19 ans, et une croissance démographique telle que d’ici 2050, un quart de la population mondiale sera africaine ». Un contexte qui se prête, selon Joseph Antoine Bell, président du Comité d’orientation de l’Office national des infrastructures et équipements sportifs (ONIES), « à la transformation du sport en Afrique ». L’ancien gardien des buts de l’Olympique de Marseille et des Girondins de Bordeaux explique : « Les infrastructures existantes ne rapportent pas aux pays africains parce que ceux qui ont la charge de les gérer ne comptent que sur les subventions de l’État. Ce que le public ne sait pas c’est que presque tous les stades en Afrique ont des salles de spectacles qui ne sont pas mises en valeur. Elles peuvent servir à l’organisation des manifestations culturelles. Les frais de location engrangés peuvent alors faciliter la maintenance de ces infrastructures en même temps qu’ils contribuent à la réduction des interventions de l’État. »
« La bonne gouvernance est un facteur important dans la durabilité de l’économie du sport en Afrique »
Blick Bassy, chanteur camerounais résidant en France, soulève la question de « la gouvernance dans nos États qui n’épargne pas le sport et la culture. Nous devons apprendre à faire en sorte que la gestion de nos affaires respecte les canons d’une gouvernance qui fonde le succès. » Et cela passe par la publicité autour des activités sportives et culturelles. « Surtout en ce qui concerne le management. C’est une notion qui manque aux responsables en charge du sport et de la culture en Afrique », déclare Didier Toko, directeur artistique de Douniaf.
Saisissant la balle au rebond, Yolande Bodiong, la CEO de Sun TV, une chaîne de télévision privée basée à Douala, souligne « le rôle important que doivent jouer les médias dans la promotion du sport en Afrique ». « Nous allons ouvrir nos antennes à l’ASCI afin d’élargir le spectre des personnes à toucher pour la réussite de ce projet », poursuit cette ancienne star du handball camerounais qui a également une formation acquise à l’École supérieure des sciences économiques et du commerce (ESSEC) de Douala où se déroule cet événement.
« Un fonds d’investissement va financer les projets de développement du sport en Afrique »
Pour mettre tout cela en musique, Will Mbiakop annonce « la création d’un fonds d’investissement qui va financer les projets de développement des infrastructures de sport, de santé et numériques avec l’appui de plusieurs partenaires tels que les gouvernements, les collectivités locales, les institutions financières internationales et le secteur privé ». La mobilisation de tous ces acteurs pour investir dans l’économie du sport en Afrique s’appuie sur le crédo de l’ASCI : « Le succès de l’économie du sport passe le sport de masse. »