African Export‑Import Bank : George Elombi, le nouveau capitaine à la barre
Avec la nomination de George Elombi à la présidence d’Afreximbank, la banque continentale de financement du commerce africain s’engage dans une nouvelle phase. Retour sur le parcours du dirigeant, l’état actuel de l’institution, les défis à relever et la feuille de route qu’il entend suivre.

Le 28 juin 2025, les actionnaires d’Afreximbank ont approuvé la nomination de George Elombi, cadre d’origine camerounaise, comme 4ᵉ président et président du conseil d’administration depuis la création de l’institution en 1993. Il succède à Benedict Oramah, en poste depuis 2015. Cette transition marque non seulement un renouvellement, mais envoie également un signal fort pour la banque, alors que le commerce intra‑africain, l’industrialisation et le financement des infrastructures sont au cœur des ambitions du continent.
Je considère Afreximbank comme une force pour l’industrialisation de l’Afrique et pour retrouver la dignité des Africains où qu’ils se trouvent
George Elombi a rejoint Afreximbank en 1996 en tant que juriste et a gravi les échelons pour occuper des fonctions clés : chief legal officer, directeur adjoint des services juridiques, secrétaire exécutif, puis vice‑président exécutif gouvernance, juridique et services corporatifs. Il est titulaire d’une maîtrise de droit de l’Université de Yaoundé ainsi que d’un LL.M. et d’un Ph.D. en arbitrage commercial de la London School of Economics. Dans son discours d’acceptation, il a déclaré : « Je considère Afreximbank comme une force pour l’industrialisation de l’Afrique et pour retrouver la dignité des Africains où qu’ils se trouvent. »
Sous la direction de Benedict Oramah, la banque a connu une croissance significative
Sous la direction de Benedict Oramah, la banque avait connu une croissance significative. Le rapport annuel 2023 mentionne notamment un programme de pays de 3 milliards USD signé au Kenya pour soutenir l’industrialisation et l’exportation. Cependant, l’institution doit faire face à plusieurs défis. En juin 2025, l’agence Fitch Ratings a abaissé sa note à BBB‑ avec perspective négative, évoquant un ratio de prêts non performants estimé à 7,1 %, contre 2,44 % déclaré par la banque. Cette divergence met en lumière des questions de transparence et souligne la nécessité de renforcer la gestion des risques. La banque doit également composer avec un coût du refinancement accru et la pression pour développer les financements d’infrastructures et du commerce africain.
Je travaillerai à préserver cet actif important
George Elombi a été clair dans ses priorités. Il s’engage à conduire Afreximbank vers une valeur de 250 milliards USD au cours des dix prochaines années. Il place l’industrialisation de l’Afrique et le commerce intra‑africain au cœur de l’action, tout en misant sur l’innovation financière, les services bancaires intégrés et le développement des financements aux PME. « Je travaillerai à préserver cet actif important », a‑t‑il souligné.
Une volonté de continuité
Le choix d’un dirigeant interne marque une volonté de continuité : Elombi connaît l’institution et ses rouages, ce qui réduit le risque de rupture et favorise l’exécution rapide. Cependant, le contexte externe impose la transformation. Le commerce africain doit s’appuyer davantage sur les corridors logistiques, les chaînes de valeur régionales et les nouvelles technologies financières. La note abaissée par Fitch souligne la nécessité de renforcer la gouvernance et les mécanismes de contrôle. Pour réussir, Afreximbank devra adopter un profil plus opérationnel et pragmatique dans l’accompagnement des projets industriels, plutôt que de se limiter à l’attribution de financements.
La banque devra maintenir l’accès aux capitaux internationaux, alors que la concurrence et les risques géopolitiques se renforcent
Parmi les défis à surveiller figurent le renforcement de la qualité des actifs, notamment la réduction des prêts non performants, l’accompagnement du financement d’infrastructures et de l’industrialisation sur un continent où les besoins en capex sont estimés à des centaines de milliards de dollars, ainsi que la consolidation de l’impact du commerce intra‑africain dans le cadre de l’African Continental Free Trade Area (AfCFTA). La banque devra également maintenir l’accès aux capitaux internationaux, alors que la concurrence et les risques géopolitiques se renforcent.
Nous entamons un nouveau chapitre
Avec George Elombi à sa tête, Afreximbank s’ouvre à un nouveau chapitre. L’équilibre entre continuité et ambition sera déterminant : la banque doit à la fois préserver sa stabilité et accélérer la transformation du commerce et de l’industrie africaine. « Nous entamons un nouveau chapitre », affirmait déjà l’institution lors de l’annonce. Si elle réussit, Afreximbank pourrait devenir l’un des leviers majeurs de l’intégration économique africaine et de la valorisation du commerce intra‑continental.



