A la uneParcours

Abdelghani Seffal : l’entrepreneur écolo

Derrière S.Five groupe, première entreprise en Afrique qui opère dans le domaine des technologies avancées de la purification de l’eau, se trouve Abdelaghani Seffal. Comment cet Algérien a-t-il hissé son entreprise à la place de leader national ? Quelles sont ses solutions novatrices et durables 100% algériennes, pour prévenir, réparer les dommages environnementaux ? Portrait d’un “accro” aux nouvelles technologies, né dans une famille d’entrepreneurs.

Par Nadjoua Khelil à Alger

Chez les Seffal, l’entrepreneuriat est dans le sang. « C’est inné, je suis issu d’une famille d’entrepreneurs en premier lieu il y a mon père qui était dans l’industrie textile. Cela m’a permis, déjà enfant, de me familiariser avec le monde des machines, de l’électronique. En parallèle, très curieux, j’ai été initié dès l’âge de neuf ans à l’informatique. Mon temps était donc partagé, entre l’école, les machines, l’informatique, le scoutisme musulman et, un peu plus tard, les associations locales pour la protection de l’environnement dont celle de la wilaya de ma région d’Aïn Defla » résume cet entrepreneur écologiste touche à tout. 

L’aventure commence au début des années 2000, alors étudiant en droit, son choix était vite « fixé ». « Pas question de continuer dans le textile, mais plutôt dans l’informatique, l’électronique et la mécanique, mon domaine de prédilection », explique Abdelghani Seffal. Il accumule alors formations et expériences, en Algérie d’abord mais aussi en Italie, en Pologne, en Nouvelle Zélande ou en Chine, entre autres expériences à l’étranger.  

C’est en 2009, l’année qui verra la création de S.Five, qu’il part à Shenzhen, la capitale mondiale de l’électronique chinoise. Il travaillera dans l’affichage électronique mais s’inspirera surtout du modèle chinois : « les meilleures conditions de productivité réunies». 

« Étant dans l’ingénierie environnementale, le développement durable dans notre entreprise est le levier de croissance dans tous ses aspects »

De retour au pays, Abdelghani Seffal, déjà formé à la « citoyenneté écologique et au développement durable dans le cadre du mouvement associatif », décide d’investir dans le secteur de l’environnement et le traitement des eaux par « la conception locale d’équipements durables à la pointe des futures technologies d’ingénierie. Un choix délibéré », affirme-t-il.

Pour « booster » son activité, S.Five, s’inspire même des 17 objectifs des Nations-Unies pour le développement durable (ODD). « Étant dans l’ingénierie environnementale, le développement durable dans notre entreprise est le levier de croissance dans tous ses aspects ».

En Algérie, 800 millions M3 d’eaux usées sont produites par an dont « seulement 15 millions M3 sont redirigés vers l’agriculture, c’est faible ». Une quantité « récupérable à 90% par le traitement tertiaire, en équipant les stations d’épurations avec de l’Ozone et l’ultraviolet, que nous proposons. D’autant plus qu’il y a une volonté politique pour aller vers ce traitement avancé ».

Les eaux contaminées par les rejets d’eaux usées dans la nature et le défaut d’assainissement, provoquent des maladies hydriques (MTH). Conscient de l’enjeu sanitaire dans le continent, S.Five veut étendre son offre au maximum et mettre à la disposition des Africains « une eau de qualité dans le milieu urbain et rural, traitée par l’ozone qui désinfecte l’eau des pathogènes, désintègre les germes et tous les polluants », détaille Abdelghani Seffal. 

“Il s’agit d’installer dans des localités africaines l’ozone de purification durable de l’eau potable” 

« Il s’agit d’installer dans des localités africaines, l’ozone de purification durable de l’eau potable : l’Ozomax-3 et l’Ozomax-G500, pour une eau saine dans le continent », a-t-il précisé. Et d’ajouter que l’ozone est utilisé depuis quinze ans en Occident, mais « importé dans les pays émergents. En Algérie, S.Five détient cette technologie, sa conception et son ingénierie, et intervient dans les industries pharmaceutiques, chimiques, de recyclage, dans l’agriculture, les laiteries et abattoirs… Avec un suivi de nos partenaires, de la conception, à l’installation, avec accompagnement, et même la formation et la maintenance », assure le CEO. 

D’une capacité de 3000 litres/heure, « l’OzoMax-3 », est un système « modulable photovoltaïque ». Il permet une « mise en œuvre par les populations des localités reculées d’Afrique, notamment celles qui s’alimentent avec des sources d’eau », explique le PDG. La gamme moyenne, « OzoMax-G500 », est adaptée aux zones urbaines et mégapoles. 

Prévenir la pollution de l’écosystème marin  

Des tonnes de rejets industriels sont déversés dans la nature à travers le monde. En Afrique, seulement 16% des eaux usées sont traitées, selon le rapport 2021 de l’ONU. En Mauritanie, S.Five va intervenir pour le traitement des eaux usées industrielles de l’une des 10 usines de fabrication de farine de poisson. « Nous allons utiliser le traitement par l’Osmose pour préserver les milieux marins de la pollution. Notre but est de l’élargir aux neuf autres unités ». 

Et Abdelghani Seffal de souligner : “J’ai visité plusieurs pays du continent et pris le temps, entre 2015 et 2018, d’explorer sept pays en particulier : le Ghana, le Togo, le Sénégal, le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Kenya et la Mauritanie. Ce qui m’a permis d’identifier les besoins et de me rapprocher de partenaires locaux, afin de transmettre notre savoir-faire, et contribuer au développement panafricain ». Une solution made in Africa, adaptée à la réalité du continent qui devrait vite se propager. 

Découvrez le dernier ANAmag intitulé « Diaspora, une expertise à valoriser » conçu en partenariat avec Expertise France

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page