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Exposition : Wangechi Mutu investit la Galleria Borghese avec “Black Soil Poems”

Jusqu’au 14 septembre 2025, l’artiste kényane-américaine Wangechi Mutu présente à Rome une puissante exposition mêlant histoire coloniale, identité africaine et art contemporain.

La prestigieuse Galleria Borghese de Rome, temple du baroque et des maîtres italiens comme Le Bernin ou Caravage, accueille jusqu’au 14 septembre 2025 une voix contemporaine et percutante : celle de Wangechi Mutu. L’artiste kényane-américaine y présente “Black Soil Poems”, une exposition audacieuse où se croisent mémoire coloniale, spiritualité africaine et réflexion sur les blessures du passé.

Connue pour ses œuvres hybrides mêlant sculpture, collage, vidéo et performance, Mutu transforme l’espace chargé d’histoire du musée romain en un théâtre visuel et symbolique. Des figures mi-humaines, mi-végétales, suspendues dans les salles baroques, dialoguent avec les chefs-d’œuvre classiques, bousculant les récits dominants.

Une proposition de réinvention du regard, un appel à repenser l’histoire et l’héritage colonial à travers le prisme africain

“Black Soil Poems” s’inscrit dans une série d’expositions de la Galleria Borghese qui visent à ouvrir le dialogue entre les artistes contemporains et le patrimoine européen. Mais avec Mutu, le dialogue devient confrontation : ses œuvres, profondément enracinées dans le sol africain et nourries par une critique du colonialisme, redonnent voix aux corps effacés, aux terres spoliées et aux mémoires enfouies.

L’artiste puise dans les traditions esthétiques du continent africain – masques, artefacts, symboles ancestraux – pour interroger la place du corps noir dans l’histoire de l’art occidentale. Elle interroge aussi les liens entre nature et féminité, entre territoire et spiritualité, tout en convoquant une poésie de la terre noire, celle d’un continent longtemps réduit au silence.

Cette présence au cœur de Rome est en soi un geste politique. Dans un lieu emblématique du pouvoir culturel européen, Mutu installe des présences venues d’ailleurs, questionne les hiérarchies de l’art et ouvre un espace pour d’autres récits. “Black Soil Poems” n’est pas seulement une exposition : c’est une proposition de réinvention du regard, un appel à repenser l’histoire et l’héritage colonial à travers le prisme africain.

Jusqu’au 14 septembre, les visiteurs peuvent ainsi découvrir un corpus d’œuvres à la fois puissantes et fragiles, sensuelles et engagées, qui déplacent les lignes et invitent à l’écoute.

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