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Quand les peuplent disent non…

Ils partîmes des dizaines de Tunis, rejoints par des centaines du Maroc, d’Algérie, de Libye… Ainsi pourrait commencer une épopée moderne, celle de ces héros ordinaires qui, refusant de plier face à l’injustice, avancèrent le cœur plein de solidarité et la flamme indomptable de la résistance…

« Soumoud », en arabe, signifie « résistance ». C’est ainsi qu’a été baptisée la caravane partie, avec force et courage, braver le blocus et rapporter vivres et espoirs aux populations gazaouies affamées. Parmi eux : des militants associatifs, des artistes, des citoyens avant tout. Des Tunisiens au départ, rejoints par des Marocains, des Algériens, des Libyens. Preuve, s’il fallait le démontrer, que l’unité maghrébine n’est pas un mythe, mais qu’à défaut d’être portée par les dirigeants, elle l’est par les peuples.

Parcourant des milliers de kilomètres à travers l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, avec pour message la paix, la justice et le respect des droits humains, la caravane Soumoud, dans un contexte régional où la guerre, les tensions géopolitiques et la précarité alimentent le désespoir, rappelle que la résistance pacifique est aussi une arme puissante, une force collective qui donne courage et espoir.

Le courage des peuples est une réponse à la lâcheté des puissants

Sans surprise, la caravane n’aura pas atteint son but. Pas plus que la Flottille de la Liberté, qui, à bord du voilier Madleen, a conduit 12 militants déterminés — Greta Thunberg (Suède), Rima Hassan (France/Palestine), Thiago Ávila (Brésil), Yasemin Acar (Allemagne), Liam Cunningham (Irlande), Baptiste André, Omar Faiad, Pascal Maurieras, Yanis Mhamdi, Suayb Ordu, Sergio Toribio et Marco van Rennes — afin eux aussi de briser symboliquement le blocus de Gaza.

Eux aussi auront été interceptés, malmenés, séquestrés, au mépris de toutes les conventions internationales.

Et pourtant, loin d’être un échec, la caravane de la résistance autant que la flottille de la liberté, plus qu’un symbole, sont un appel à la responsabilité collective.

Chaque bateau est un manifeste flottant, une voix contre l’indifférence et la normalisation de l’oppression. Elles révèlent aussi combien le courage individuel et collectif peut influer sur la scène internationale.

Face au silence des États, la parole des peuples prend le large

Mieux encore, elles rappellent aux puissants de ce monde que face à leur indifférence, leur complicité, leur mépris, les peuples disent non.

De la même manière que les dockers du port de Marseille-Fos ont refusé de charger des composants militaires destinés à Israël. Un geste fort, spontané, mais surtout profondément humain, qui a révélé une solidarité souvent invisible. Face à la guerre, aux violences et à la déshumanisation, ces travailleurs ont choisi de dire non, refusant de devenir complices indirects de ce qu’ils percevaient comme une injustice.

Ce refus symbolique dépasse la simple grève : il incarne un engagement moral, une prise de position claire face aux conflits du Proche-Orient. Il rappelle que, dans nos sociétés globalisées, chaque maillon a un rôle et une responsabilité.

Trois leçons de résistance

Ces trois initiatives sont liées par une même essence : la puissance de la solidarité et la dignité de la résistance pacifique. Elles nous enseignent que face à la violence, au silence complice ou à la fatalité, il est possible d’agir. Que les peuples, même divisés par les frontières, peuvent unir leurs forces pour réclamer justice.

  1. Première leçon :
     La résistance n’est pas seulement armée, elle est aussi spirituelle, sociale et morale.
     La caravane Soumoud en est l’illustration vivante, dans un contexte régional où la contestation s’exprime aussi par des gestes collectifs de solidarité.

  2. Deuxième leçon :
     La visibilité est essentielle.
     La Flottille de la Liberté montre que dénoncer publiquement une situation d’injustice est indispensable pour faire bouger les lignes diplomatiques et médiatiques.

  3. Troisième leçon :
     La conscience individuelle et collective peut faire la différence, même dans un monde dominé par des puissances politiques et économiques.
     Le refus des dockers de Marseille-Fos est un rappel que chaque citoyen, par ses choix, participe à la construction d’un monde plus juste.

Une espérance à cultiver

Alors que les conflits perdurent, que la diplomatie semble souvent impuissante, ces initiatives rappellent l’importance de la mobilisation citoyenne et de l’engagement concret. Elles montrent que la paix ne se décrète pas seulement dans les palais des puissants, mais se construit dans les rues, les ports, sur les routes.

« Nous aimons la vie si nous pouvons la sauver » écrivait le poète Mahmoud Darwich.

Les manifestations, les campagnes de boycott, les caravanes, tout autant d’initiatives, en apparence modestes, sont autant de tentatives courageuses pour sauver la vie, la dignité et la justice. Elles appellent à ne jamais cesser de croire en la force des peuples unis.

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