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Pme africaines : le pacte de l’Africa SME 2025 pour bâtir les géants économiques

Après dix ans d’engagement en faveur des Petites et Moyennes Entreprises (PME) africaines, l’Africa SME Champions Forum dévoile une nouvelle ambition collective : bâtir des PME solides et durables d’ici 2035. Cette initiative, intitulée « Pacte de soutien aux PME africaines », a été officiellement adoptée le 8 mai, à Cotonou, lors du conclave stratégique marquant la 10e édition du Forum.

Par Ulrich Vianney

Bâtir les puissances économiques africaines dans les dix prochaines années : tel est le défi que s’est lancé l’Africa SME Champions Forum. Réunis à Cotonou, lors d’un format spécial de la 10e édition du Forum, dirigeants de PME, investisseurs, institutions financières, agences de développement et décideurs publics ont décidé de tracer ensemble la route vers un avenir durable pour les PME africaines.

« L’idée du conclave cette année est que nous soyons un groupe plus restreint afin que nos échanges donnent lieu à des recommandations concrètes, que nous avons appelées le Pacte de transformation (soutien) 2025-2035. Par la suite, nous organiserons ces recommandations en piliers constituant le soutien aux PME. Le Pacte est un engagement des acteurs à atteindre les objectifs sectoriels fixés. Chaque recommandation amplifiée par chaque pilier sera traduite, d’ici fin 2025, en feuille de route, ce qui nous permettra, dès 2026, de dire que nous avons commencé à changer la trajectoire des PME pour construire les géants industriels qui nous manquent tant sur le continent africain », a expliqué Didier Acouetey, président de l’Africa SME Champions Forum et du groupe AfricSearch.

Le pacte vise ainsi à accélérer le développement des PME africaines au cours des dix prochaines années. Pour y parvenir, les acteurs de l’écosystème des PME ont défini comme objectif commun de mobiliser 50 milliards de dollars de financement, stimuler la participation des entreprises sur les marchés régionaux et mondiaux, favoriser la digitalisation et l’innovation au sein des PME et promouvoir les réformes publiques favorables à leur croissance. Ce changement de paradigme recherché, selon les acteurs, ne se limite pas seulement au financement ou aux garanties. Il passe également par la promotion d’un esprit entrepreneurial dans les écoles et universités, l’incubation précoce des idées, ainsi qu’un partenariat public-privé solide. « Les grandes entreprises que vous voyez aux États-Unis naissent sur les campus, car il existe des incubateurs et des entreprises juniors qui préparent les jeunes à l’entrepreneuriat. Il faut que les jeunes créateurs soient bien préparés dès le départ. Autre exemple : l’interaction entre le public et le privé doit être renforcée. Il est évident que dans nos pays, la commande publique représente une part importante de l’investissement. Nous devons intégrer davantage de PME dans la chaîne des commandes publiques, car c’est ainsi que nous faisons grandir un secteur privé capable de devenir un géant industriel, capable de concurrencer les autres grands acteurs mondiaux qui exécutent généralement ces gros contrats en Afrique », a souligné Didier Acouetey.

Les difficultés des PME africaines

Bien que l’écosystème des PME recèle un potentiel immense, il demeure largement sous-exploité sur le continent. Ces entreprises représentent 90 % du tissu économique africain et génèrent environ 60 % des emplois formels. Cependant, elles continuent de faire face à d’importants défis structurels tels que l’accès limité au financement à moyen et long terme, la faible intégration dans les chaînes de valeur régionales et mondiales, le manque d’accompagnement technique et stratégique, un environnement réglementaire souvent peu favorable, ainsi que des difficultés d’innovation et d’intégration numérique. Les politiques publiques de soutien aux PME existent, mais elles demeurent fragmentées, inégales et insuffisamment coordonnées au niveau régional dans de nombreux États. « Sans un appui structurel, les PME risquent de manquer le virage de l’industrialisation, de la digitalisation et de l’intégration économique africaine, alors qu’elles sont au cœur de la transformation sociale et économique », a averti l’Africa SME Champions Forum.

« Pour innover, il faut, par exemple, se tourner davantage vers le numérique, avec une meilleure disponibilité de l’internet, la création d’entreprises en quelques clics, et la simplification de toutes les formalités administratives pour permettre à l’entrepreneur de se lancer sans obstacles », a ajouté Abdoulaye Bio Tchané, ministre d’État béninois chargé du Développement et de la Coordination gouvernementale. Il a également insisté sur le fait que les chercheurs des universités doivent désormais être davantage au service des entreprises.

Le Forum, dix ans après

Le groupe AfricSearch a lancé l’Africa SME Champions Forum en 2014, avec l’ambition de créer un espace de dialogue entre PME, investisseurs, décideurs publics et institutions de développement, d’agir comme levier d’impact concret pour l’accès au financement, à l’innovation et aux partenariats stratégiques, et de porter la question des PME à l’agenda des décideurs du continent. Après cette première décennie, le Forum a permis de créer un cadre de dialogue, de mobiliser des financements et de faciliter des partenariats pour les PME africaines ; d’accompagner la montée en puissance de PME devenues des références régionales, et de contribuer largement à inscrire la question des PME dans l’agenda politique et économique africain. Depuis 2015, l’Africa SME Forum s’est imposé comme le rendez-vous incontournable des acteurs économiques déterminés à faire des PME africaines un levier majeur de développement et d’innovation.

En dix ans, le Forum a soutenu plus de 1000 PME. Les défis à relever pour faire des PME du continent des géants économiques restent nombreux, mais les opportunités à saisir sont tout aussi vastes. C’est pourquoi, pour les dix prochaines années, le Forum souhaite fédérer toutes les parties prenantes autour d’une feuille de route ambitieuse pour accélérer, renforcer et structurer le développement des PME.

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