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FITA 2025 : la Tunisie accélère son ancrage en Afrique

Tunis a accueilli les 6 et 7 mai 2025, la 8e édition de la conférence internationale « Financing Investment & Trade in Africa » (FITA). Une rencontre destinée à promouvoir la coopération Sud-Sud. À l’heure où l’Afrique cherche à impulser sa transformation économique, la Tunisie entend jouer un rôle moteur en misant sur l’investissement, le commerce et l’innovation.

Par Bykkiss Mentari, à Tunis

Tunis s’est transformée, durant deux jours, en capitale économique africaine. Plus de 2.000 participants issus de 60 pays, dont une majorité d’acteurs économiques et politiques du continent, ont répondu présent à l’appel du Tunisia Africa Business Council (TABC) pour la 8e édition du FITA, tenue sous le thème évocateur : « Impulser la transformation de l’Afrique ».

Cette édition, marquant le 10e anniversaire du TABC, s’est articulé autour de quatre piliers majeurs : la transformation industrielle, la transition énergétique, la digitalisation, et la modernisation des infrastructures et de la logistique. « Le moment de l’Afrique est venu », a déclaré Anis Jaziri, président du TABC, en ouverture. Il plaide pour que le continent devienne une « puissance d’équilibre » sur l’échiquier mondial du business et du développement ».

Une Tunisie en quête de partenariats africains

FITA 2025 incarne l’ambition tunisienne de renforcer son ancrage africain. En effet, les exportations tunisiennes vers l’Afrique subsaharienne ont triplé en moins de dix ans, pour atteindre 1,6 milliard de dinars en 2024 (514 millions de dollars USD). « Cette année, nous mettons l’accent sur la manière d’accompagner, en tant que Tunisiens, l’industrialisation de l’Afrique », a souligné Jaziri.

Le potentiel est réel. Outre le secteur de la santé, en pleine expansion, le tourisme médical apparaît comme un axe stratégique. Le panel ministériel intitulé « Capitaliser le potentiel touristique africain pour stimuler l’économie » a mis en lumière les atouts tunisiens dans ce domaine.

FITA, une plateforme d’affaires et d’innovation

La conférence se démarque également par la diversité de ses formats : 14 panels de haut niveau, 10 événements parallèles, 7 ateliers spécialisés, plus de 3.000 rendez-vous B2B et B2G, et l’introduction des FITA Pitch Days. Ces derniers ont permis à des porteurs de projets innovants de rencontrer des investisseurs africains et internationaux. Une initiative saluée par Laurent Kazadi, jeune entrepreneur congolais primé lors de cette édition : « Cette conférence internationale est une très grande plateforme qui est en train de s’imposer et qui va prendre de plus en plus d’ampleur ».

La société tunisienne Comète, active dans l’industrie des semi-remorques depuis plus de 50 ans, a reçu le prix FITA de « l’entreprise de l’année ». Son directeur général, Sami Driss, salue l’événement : « FITA est une occasion pour connaître de nouvelles opportunités à travers les participants qui viennent de différents pays d’Afrique ».

L’Afrique, un marché d’avenir pour la Tunisie

Parmi les marchés ciblés : la RDC, le Nigeria, la Côte d’Ivoire, Madagascar ou encore la Guinée. Le ministre nigérian des Affaires étrangères, présent à Tunis, a rappelé l’importance de son pays, premier marché africain avec ses 230 millions d’habitants, pour les exportations tunisiennes. « Le Nigeria représente une opportunité majeure, notamment pour l’huile d’olive », a souligné Jaziri.

La Tunisie, avec ses compétences humaines, son tissu entrepreneurial et sa position géographique stratégique, ambitionne de devenir un hub de coopération économique Sud-Sud. Elle peut aussi s’appuyer sur un réseau croissant d’entreprises implantées en Afrique, notamment en Côte d’Ivoire.

Une résilience économique porteuse d’avenir

Une bouffée d’air pour l’économie tunisienne, laquelle, dans un contexte d’instabilité politique persistante, montre des signes de résilience. Selon les dernières prévisions du Fonds monétaire international (FMI), la croissance du produit intérieur brut (PIB) réel devrait atteindre 1,4 % en 2025, un taux identique à celui de 2024 . L’inflation est prévue en baisse, passant de 7 % en 2024 à 6,1 % en 2025 .

Bien que ces chiffres restent modestes comparés à la moyenne régionale de 2,6 % pour les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA) , la Tunisie conserve un potentiel significatif en tant que porte d’entrée vers le continent africain. Sa position géographique stratégique, ses accords commerciaux avec l’Union européenne et sa participation à la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) en font un hub potentiel pour les investissements régionaux. Des réformes structurelles, notamment dans la gouvernance des entreprises publiques et l’amélioration du climat des affaires, pourraient stimuler la croissance et renforcer la stabilité économique du pays.

En attendant, alors que l’Afrique est appelée à devenir l’un des pôles majeurs de la croissance mondiale – avec une population qui devrait atteindre 2,5 milliards d’habitants d’ici 2050 et une urbanisation galopante –, la Tunisie peut jouer un rôle stratégique comme passerelle entre l’Europe et le continent subsaharien. De plus en plus d’entrepreneurs tunisiens l’ont compris et cherchent à élargir leur rayonnement au-delà du Maghreb, misant sur l’intégration économique africaine et des initiatives comme la ZLECAf pour accélérer leur développement.

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