Le Ghana connait depuis quelques années un important essor des start-ups. Ces dernières sont le fruit de l’ingéniosité de jeunes entrepreneurs ghanéens avides de se frayer un passage dans le monde entrepreneurial du pays qui enregistre une croissance économique enviable sur le continent. Parmi, ces start-ups, on note la montée fulgurante d’AgroCenta, une structure lancée en 2015 par Francis Obirikorang et Michael Ocansey, deux ex-employés d’Esoko, une structure spécialisé dans la communication agricole.
Blamé Ekoué, à Accra
Récemment primée lors de la première édition de Fincluders Startup Challenge compétition organisée à Amman en Jordanie et qui a vu la participation d’une cinquantaine de start-ups provenant de 18 pays, AgroCenta est une start-up rattachée à AgroTrade, une plateforme de vente et d’achat en ligne qui connecte les petits exploitants agricoles à de grands marchés structurés au Ghana. Pour ses deux fondateurs, l’entreprise a été créée suite à un constat. «Nous avons remarqué que la plupart des exploitants agricoles perdaient environ 40% de leurs revenus potentiels au détriment des intermédiaires ou négociants. Nous avons par la suite commencé par faire le commerce de ces produits nous-mêmes puis ensuite on a mis en place l’entreprise», se rappelle encore Francis Obirikorang, le co-fondateur de la start-up.
Un réseau de 10000 exploitants agricoles au Ghana
Cette structure qui dispose aujourd’hui d’un vaste réseau de 10000 exploitants agricoles au Ghana, envisage d’étendre ses compétences dans d’autres pays du continent à l’instar du Nigeria. «Notre expansion sur le marché nigérian en 2018 nous permettra de travailler au début avec environ 100000 petits exploitants agricoles en les connectant directement à une grande échelle de six plateformes de vente et d’achat en ligne pour directement vendre», a expliqué Francis Obirikorang, le jeune et ambitieux directeur général d’Agrocenta. Pour diversifier ses offres dans un paysage très concurrentiel, la jeune entreprise a lancé depuis quelques mois d’autres produits. En effet, de l’application dénommée TruckR pour la logistique en passant par Agroinfo pour la communication ou encore AgroPay pour les paiements en ligne, la start-up ghanéenne ne cesse d’innover pour conquérir d’autres marchés dans le secteur agricole.
Contribuer à révolutionner l’agrobusiness au Ghana
La jeune entreprise de technologie agricole a enregistré une hausse vertigineuse dans les opérations d’achat et de vente réalisées grâce à ses services. Entre mai et décembre 2017, elle a facilité un volume d’échanges commerciaux de plus de 2000 tonnes de maïs, sorgho et soja pour un profit total estimé à 190 000 dollars US. Agrocenta suscite beaucoup d’engouement auprès de petits exploitants agricoles ghanéens dans les zones rurales à travers le pays. Pour Kwabena Samuel, un jeune exploitant agricole utilisant les services de cette structure, cette jeune entreprise grâce à la simplicité et l’effectivité de ses services peut révolutionner l’agrobusiness au Ghana. «Par ses services, vous pouvez en un clic vendre vos produits agricoles sans avoir recours à un intermédiaire. Nous n’avons plus besoin d’attendre que les commerçantes de céréales viennent chez nous avant de vendre. A coup sûr, cette entreprise a apporté la solution innovante que nous recherchions depuis des années et elle va contribuer à révolutionner l’agrobusiness au Ghana», a confié Kwabena.
«Dans les cinq prochaines années, nous voulons être la plus grande plateforme de vente et d’achat des produits agricoles à travers l’Afrique subsaharienne»
La jeune entreprise créée avec seulement 20000 US dollars, un financement essentiellement récolté auprès des amis proches des deux fondateurs commence par nouer des partenariats avec de grandes multinationales implantées au Ghana à l’instar de Guinness Ghana Breweries, la plus grande brasserie du pays. En effet, Agrocenta fournit présentement 80% de la demande en sorgho de la brasserie à travers son vaste réseau d’exploitants agricoles répertoriés à travers le Ghana. Pour Francis Obirikorang, il ne fait aucun doute que le problème majeur des entreprises de transformation reste la recherche de matières premières. «Nous les avons juste approché et je leur avais dit que je peux les aider à trouver leurs matières premières au plan local. Cela avait été un signe de soulagement pour eux. Maintenant, nous sommes en charge du contrôle de la qualité et de la logistique mais ils recherchent les exploitants eux-mêmes via notre plateforme », a expliqué Obirikorang. La jeune structure mène aussi des tractations pour signer un partenariat avec Nestlé Ghana à partir de 2018.
Comme pour la plupart des start-ups du pays, le manque de financement fragilise le développement de ces jeunes entreprises. Mais la success-story d’Agrocenta joue en sa faveur. Aujourd’hui, la jeune entreprise compte plusieurs partenaires financiers internationaux à l’instar d’Isabaltic Trust, Ghanaian Investment Firm, Frontier Business Solutions et SANAD Technical Facility dans son actionnariat. Malgré cette ascension fulgurante, les géniteurs de cette structure visent loin. «Dans les cinq prochaines années, nous voulons être la plus grande plateforme de vente et d’achat des produits agricoles à travers l’Afrique subsaharienne», a laissé entendre Francis Obirikorang.