Assemblée Générale de la FIA au Rwanda : un jalon pour le développement du sport automobile en Afrique
L'Assemblée générale de la FIA tenue au Rwanda marque une étape significative pour le développement du sport automobile en Afrique. Dans cette interview, Musa Locho, originaire du Kenya et déléguée technique de la FIA, partage ses réflexions sur l'importance de cet événement, son impact sur l'économie du continent, et le rôle du sport automobile dans la structuration des infrastructures, la création d'emplois et le développement de la jeunesse, ainsi que le potentiel du sport automobile pour catalyser une transformation plus large.

Que représente pour le Rwanda et le continent les Assemblées générales de la FIA qui se sont déroulées à Kigali?
Tout d’abord, il faut réaliser que c’est le seul congrès que nous avons eu en Afrique. C’est une grande avancée, car il s’agit de la réunion finale pour la FIA, afin de faire un bilan de l’année, car toutes les compétitions sont désormais terminées, et aussi pour ratifier les nouvelles réglementations pour l’année suivante. C’est également la cérémonie de remise des prix à toutes les disciplines du sport automobile au niveau international. C’est donc un événement majeur pour l’Afrique. Nous avons vus ici tous les grands noms du sport automobile, Thierry Neuville, Astor Pan, etc. Cela représente une victoire non seulement pour le Rwanda, mais pour toute l’Afrique. Nous sommes tous très heureux et fiers que le Rwanda soit l’hôte de cet événement.
Pouvez-vous nous parler des principaux sujets ou défis abordés durant ce congrès en lien avec le développement du sport automobile en Afrique ?
L’équipe qui représente l’Afrique souhaite mettre en avant un agenda plus inclusif et donner à l’Afrique plus d’événements afin que nous puissions également évoluer dans cette discipline.
Pourriez-vous nous parler de la connexion entre le sport automobile, les affaires et le développement économique ?
Je ne peux pas donner de statistiques exactes pour le Rwanda, mais, par exemple, sur le marché mondial, le sport automobile a contribué à hauteur d’environ 5,5 milliards de dollars en 2023, et on prévoit que ce chiffre atteindra plus de 10 milliards de dollars d’ici 2033. Il injecte directement de l’argent dans les économies.
Comment cette discipline contribue-t-elle à la croissance des infrastructures modernes, à la création d’emplois et au développement de compétences spécifiques sur le continent ?
Pour le sport automobile, lorsqu’un événement a lieu quelque part, cela a un impact direct sur l’économie locale. Par exemple, lorsque nous organisons un événement, que ce soit à Nyamata, il y a des vendeurs qui viennent, des produits sont vendus, de la publicité est générée. Cela génère beaucoup de revenus dans divers secteurs, c’est certain.
Voyez-vous une synergie entre le sport automobile et d’autres secteurs clés comme le tourisme, l’éducation ou la technologie ?
Oui, absolument. En particulier le tourisme, car chaque fois que vous avez un événement de cette ampleur, vous pouvez imaginer le nombre de personnes qui viennent au Rwanda, y compris moi-même. C’est un nombre assez important, et cela a un effet d’entraînement. Ce sont ces personnes qui vont faire connaître le Rwanda, en raison de votre chaleureuse invitation.
Une autre question porte sur le sport automobile en tant que moteur du développement. Comment ces sports peuvent-ils aller au-delà du simple divertissement pour devenir un vecteur de transformation ?
Le sport automobile englobe de nombreuses disciplines. Au fur et à mesure de sa croissance, on trouve des mécaniciens, des pilotes, des contrôleurs, des médecins, tous venant de carrières diverses. Si vous aviez visité la BK Arena il y a quelques jours, avec l’introduction de « Girls on Track », vous auriez vu la joie et le bonheur que ces jeunes filles ont ressentis juste en conduisant des go-karts. À partir de là, forcément, vous aurez une ou deux personnes, voire plus, qui vont rejoindre l’industrie du sport automobile. Il y a donc un impact, qu’il soit direct ou indirect.
Comment les projets liés au sport automobile peuvent-ils inspirer les jeunes générations, notamment dans les domaines STEM (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques) ?
Nous avons organisé un séminaire hier, avec environ 100 étudiants de diverses universités de Kigali, et ils ont eu l’opportunité de découvrir toutes les opportunités qu’offre le sport automobile. Beaucoup d’entre eux étaient très enthousiastes, ont posé des questions, interagi, et je suis sûr qu’à partir de ce séminaire, vous allez avoir 50 autres personnes qui se lanceront dans une carrière liée au sport automobile.
Existe-t-il d’autres initiatives ou exemples concrets montrant comment le sport automobile a déjà contribué à un changement positif en Afrique ou ailleurs ?
Oui, car la FIA dispose de nombreux programmes, et comme ceux que j’ai mentionnés, comme « Girls on Track », elle a un code environnemental très fort, une section mobilité très solide qui s’occupe de la conduite, des accidents de la route, de la sécurité, etc. Cela a un grand impact sur tous ses États membres, y compris le Rwanda.
Y a-t-il des jalons que vous voyez en termes de développement du sport automobile au Rwanda ?
Oui, après cet événement, vous savez bien que le Rwanda se positionne pour accueillir un Grand Prix de Formule 1, et je sais qu’avec la coopération et le travail acharné du Président Gakwaya, ainsi que le soutien du gouvernement, c’est tout à fait faisable. Et si le Rwanda réussit, ce sera une victoire pour toute l’Afrique.