Les entrepreneurs africains sèment les graines d’une économie verte en Afrique
Alors que la COP29 se tient à Bakou, en Azerbaïdjan, l'Afrique s'impose comme un acteur clé des discussions sur le climat. Derrière les négociations internationales, une génération d'entrepreneurs africains dessine déjà les contours d'une économie verte, où écologie et croissance durable se conjuguent pour répondre aux enjeux du continent.
Depuis quelques joursz, les projecteurs sont braqués sur Bakou, , où se tient la COP29. Une édition marquée par des attentes élevées, notamment pour l’Afrique, qui abrite certains des écosystèmes les plus riches et vulnérables de la planète. Avec une contribution marginale aux émissions mondiales de gaz à effet de serre (moins de 4 %), le continent subit pourtant de plein fouet les impacts du changement climatique : sécheresses, inondations, insécurité alimentaire.
Dans ce contexte, l’économie verte représente une réponse stratégique pour conjuguer protection de l’environnement et développement économique.
Jusqu’à 60 millions d’emplois d’ici 2030
L’économie verte en Afrique est encore naissante, mais elle connaît une croissance rapide. Selon le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), les secteurs liés à l’économie verte pourraient générer jusqu’à 60 millions d’emplois d’ici 2030. Agriculture durable, énergies renouvelables, gestion des déchets, et écotourisme figurent parmi les piliers de cette transition.
L’intérêt est double : préserver les ressources naturelles indispensables au développement du continent et exploiter un potentiel économique immense. L’énergie solaire, par exemple, représente une opportunité de choix pour un continent baigné de soleil et où l’accès à l’électricité reste un défi majeur.
Cependant, l’économie verte ne se limite pas aux infrastructures ou aux politiques publiques. Elle repose de plus en plus sur l’initiative privée et l’innovation, incarnées par une nouvelle génération d’entrepreneurs engagés.
Une génération d’entrepreneurs pour une croissance durable
Les entrepreneurs africains sont au cœur de l’avènement de l’économie verte. Ces innovateurs conçoivent des modèles économiques où l’écologie n’est pas seulement un élément secondaire, mais le socle de leur activité.
C’est le cas de start-ups comme M-KOPA au Kenya, qui fournit des kits solaires à bas coût pour électrifier les zones rurales, ou de Jeunes Agriculteurs Bio au Sénégal, qui promeut l’agroécologie pour réduire la dépendance aux engrais chimiques. Ces initiatives montrent comment des entreprises peuvent simultanément répondre à des besoins sociaux et environnementaux tout en générant des profits.
En Côte d’Ivoire, la start-up Coliba a transformé la gestion des déchets plastiques en un système numérique de recyclage, créant des centaines d’emplois verts. En Afrique du Sud, des entreprises comme GreenCape collaborent avec le gouvernement pour développer des infrastructures résilientes et attractives pour les investisseurs.
Ces initiatives ont un effet multiplicateur. En créant des emplois verts, elles contribuent à une croissance inclusive et offrent des opportunités aux jeunes générations. Elles posent également les bases d’une économie résiliente, moins dépendante des industries extractives et plus tournée vers un avenir durable.
3 000 milliards $ d’investissements pour atteindre les objectifs climatiques d’ici 2030
Malgré ces avancées, l’économie verte en Afrique fait face à des défis majeurs. Le financement demeure l’un des principaux obstacles. Selon la Banque africaine de développement, il faudrait mobiliser environ 3 000 milliards de dollars d’investissements pour atteindre les objectifs climatiques d’ici 2030.
Les infrastructures inadéquates et la faible connectivité numérique ralentissent également l’adoption de technologies vertes. Par ailleurs, le cadre réglementaire reste parfois flou ou inadapté, décourageant les investisseurs potentiels.
Enfin, il est crucial de garantir que la transition verte soit inclusive. Une économie verte qui exclut les populations rurales ou les communautés marginalisées risquerait d’accroître les inégalités sociales.
La COP29 pourrait ainsi devenir un levier majeur pour mobiliser des financements et promouvoir des solutions locales innovantes. “ Les pays du Sud, représentant 65 % de la population mondiale, reçoivent moins de 15 % des investissements mondiaux dans les énergies propres” a rappelé la ministre égyptienne de la Planification, du Développement économique et de la Coopération internationale insistant au passage sur la nécessité d’un investissement annuel de 1 000 milliards de dollars d’ici 2050 pour un développement à faibles émissions et résilient au changement climatique.