Les besoins financiers de l’Afrique : où sont les ressources ?
Le rapport récent de la Fondation Mo Ibrahim, intitulé “Les besoins financiers de l’Afrique : où sont les ressources ?”, souligne l'existence des ressources nécessaires mais mal utilisées, appelant à une réforme urgente du système financier international pour une gouvernance optimale.

Le nouveau rapport de la Fondation Mo Ibrahim pour l’année 2024 met en lumière les défis financiers majeurs auxquels l’Afrique est confrontée, malgré l’existence de ressources potentielles significatives. À travers une analyse approfondie, le rapport explore les opportunités et les obstacles pour mobiliser efficacement ces ressources au bénéfice du développement durable du continent.
Le rapport commence par évaluer les besoins financiers considérables nécessaires pour réaliser les objectifs de développement et climatiques en Afrique. Ces besoins, bien que variés et souvent divergents selon les sources, mettent en évidence une réalité incontournable : l’Afrique doit faire face à des défis financiers vertigineux pour assurer son développement futur.
L’Afrique dispose d’un potentiel significatif, représentant entre 75 % et 90 % des besoins financiers nécessaires pour réaliser l’Agenda 2063
Mo Ibrahim, fondateur et président de la fondation éponyme, insiste sur la nécessité d’une réforme profonde du système financier international. Selon lui, les ressources nécessaires existent déjà mais sont freinées par un système obsolète qui ne permet pas leur utilisation optimale. Il appelle à une actualisation des mécanismes de restructuration de la dette, des modèles d’évaluation du risque africain et des conditions d’aide, ainsi qu’à une meilleure gouvernance pour maximiser l’impact des ressources disponibles.
Notre continent doit cesser de dilapider ses propres actifs et en assumer la propriété et la responsabilité
“Il est urgent de changer radicalement de paradigme. Il ne s’agit ni pour l’Afrique de tendre encore la sébile, ni pour ses partenaires de considérer quel montant supplémentaire ils pourraient encore mettre sur la table, insite Ibrahim Mo. Le vrai sujet n’est pas « encore plus de moyens », mais simplement des moyens mieux adaptés. Car en réalité, comme ce rapport le souligne, les ressources sont là. Mais le système qui perdure et prévaut actuellement ne permet pas leur utilisation optimale.” Et d’ajouter : “Il faut réformer drastiquement le système de financement international, actualiser les mécanismes de restructuration de la dette, les modèles d’évaluation du risque africain, ainsi que les conditionnalités de l’aide. Mais surtout, notre continent doit cesser de dilapider ses propres actifs et en assumer la propriété et la responsabilité, bref, mettre en place les conditions de gouvernance de nature à garantir leur exploitation optimale au bénéfice d’un développement durable et équitable.”
Le rapport examine également les contributions financières des partenaires internationaux, notamment l’Aide Publique au Développement (APD) et la gestion de la dette. Bien que l’APD représente une partie des ressources financières du continent, elle reste souvent conditionnelle et focalisée sur des secteurs spécifiques tels que la santé et l’éducation. Parallèlement, les défis liés à la dette et à l’évaluation du risque africain limitent l’efficacité des mécanismes de financement traditionnels.
Concernant les ressources domestiques, l’Afrique dispose d’un potentiel significatif, représentant entre 75 % et 90 % des besoins financiers nécessaires pour réaliser l’Agenda 2063. Cependant, la majorité de ces ressources reste sous-utilisée ou mal gérée. Le rapport souligne l’importance de lutter contre la fuite des capitaux illicites et d’augmenter les recettes fiscales pour financer durablement le développement africain.
Appelle à une action urgente pour réformer le système financier international et optimiser l’utilisation des ressources disponibles en Afrique
Enfin, le rapport de la Fondation Mo Ibrahim appelle à une action urgente pour réformer le système financier international et optimiser l’utilisation des ressources disponibles en Afrique. Il met en avant la nécessité d’une gouvernance transparente et efficace pour garantir que les ressources domestiques et internationales soient mobilisées de manière à promouvoir un développement durable et équitable à travers le continent.
Points clés du rapport :
Des milliards nécessaires d’ici 2030 : Besoins financiers énormes pour atteindre les objectifs de développement.
Impact climatique : Potentielle perte de 50 milliards $ du PIB africain par an d’ici 2030.
Aide publique au développement (APD) : 28% de l’APD mondiale en 2022, mais mal répartie.
Dette publique : Triplement de la dette extérieure depuis 2009.
Investissements directs étrangers : 45 milliards $ en 2022.
Flux financiers illicites : 100 milliards $ perdus chaque année.
Renforcement des systèmes fiscaux : Revenus gouvernementaux les plus bas du monde.
Pour consulter le rapport complet du Forum Ibrahim 2024, vous pouvez le télécharger ici.