Migrations en Europe : démystifier les faits et dépasser les perceptions
Les données récemment publiées par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), permettent de se faire une idée plus précise de la migration en Europe, en s’attachant aux faits plutôt qu’aux perceptions.

Par la rédaction
En 2022, l’Union européenne a délivré près de 3,7 millions de nouveaux permis de séjour, enregistrant une hausse par rapport aux années précédentes. Les demandes d’asile ont également augmenté, totalisant 875 000 dossiers, soit une augmentation significative de 52 % par rapport à 2021 et de 38 % par rapport à 2019, excluant l’afflux en provenance d’Ukraine.
Le 1er janvier 2022, 23,8 millions de citoyens non européens résidaient en Europe, représentant 5,3 % de la population de l’UE. Trois quarts d’entre eux se trouvaient en Allemagne, en Espagne, en France et en Italie. Si l’on inclut ceux ayant acquis une nationalité européenne, le nombre total de personnes nées en dehors de l’UE s’élève à 38 millions, soit 8,5 % de la population totale.
La migration régulière domine largement, avec seulement 6,6 % des entrées dans l’UE en 2023 considérées comme irrégulières. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) souligne que la plupart des migrants se déplacent de manière sûre par des voies régulières, relativisant ainsi les préoccupations liées à l’immigration irrégulière.
La migration, bien qu’abordée souvent comme un problème, présente également des opportunités
En 2021, l’UE a enregistré 2,26 millions d’immigrants provenant d’autres continents, tandis que 2,5 millions de personnes ont émigré de l’UE la même année. Notamment, la migration interne au sein de l’UE représente une part significative, avec 13,7 millions de citoyens européens vivant dans un autre pays membre.
Ola Henrikson de l’OIM souligne que la migration, bien qu’abordée souvent comme un problème, présente également des opportunités. Sans les flux migratoires entrants, la population de l’UE aurait diminué de 500 000 personnes en 2019, soulignant l’importance de la migration pour contrer le déclin démographique.
Les migrants contribuent au marché du travail
Les migrants contribuent au marché du travail, avec 9,93 millions de non-ressortissants de l’UE employés en 2022, représentant 5,1 % de la main-d’œuvre. Cependant, des barrières structurelles et de la discrimination persistent, notamment dans le taux d’emploi plus bas des étrangers par rapport aux nationaux.
La pandémie de Covid-19 a mis en lumière le rôle essentiel des migrants, en particulier dans les secteurs tels que l’hôtellerie, la restauration, la construction, les services administratifs, la logistique et le travail domestique. L’UE cherche à adapter sa réglementation pour attirer des professionnels des soins de santé et des services à la personne afin de répondre aux besoins croissants, démontrant ainsi l’importance des migrants dans des domaines essentiels.
La migration intra-africaine reste un phénomène significatif
En attendant, selon les dernières données disponibles, la migration intra-africaine reste un phénomène significatif. En 2021, le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique) a estimé que près de 21 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du continent en raison de conflits, de crises humanitaires et de catastrophes naturelles. Par ailleurs, selon la Commission de l’Union africaine, les migrations économiques ont également contribué à la mobilité des populations à l’intérieur du continent, avec une augmentation constante des déplacements pour des opportunités d’emploi et d’éducation. Ces chiffres soulignent l’ampleur de la migration intra-africaine et mettent en lumière la nécessité d’une approche collaborative entre les pays africains pour faciliter une circulation régulière tout en abordant les défis liés à la protection des droits des migrants et à la création d’environnements favorables à leur intégration.