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John Omo : “l’Afrique doit développer la 5G à travers l’énergie renouvelable”

Toutes les projections économiques prédisent un avenir radieux à l'Afrique grâce aux innovations technologiques et à l’IA. Mais encore faudrait-il que la connectivité à internet soit effective et généralisée. Selon John Omo, secrétaire général de l'Union africaine des télécommunications (UAT), les gouvernements autant que le secteur privé doivent poursuivre leurs efforts pour relever le défi. Mais surtout, développer des solutions africaines plus écologiques et moins coûteuses.

Les principaux déterminants de la connectivité en Afrique sont probablement le coût du terminal, le coût de l’appareil. Et deuxièmement, le bien-être économique, le statut économique de la population. Par exemple, la plupart des Africains n’ont toujours pas les moyens de s’offrir un smartphone parce que leur base économique, leur situation financière ne leur permet pas de le faire. D’autre part, le prix des téléphones eux-mêmes est encore très élevé. Certains pays d’Afrique s’efforcent de réduire le coût des téléphones. C’est notamment le cas du Maroc, qui produit des téléphones moins chers pour la population.

Le Rwanda, s’efforce de produire des appareils moins chers et met en place des programmes visant à mettre les appareils à disposition pour leur permettre de mieux communiquer.

Il y a aussi, bien sûr, le coût de la bande passante de communication, ou plutôt des forfaits, par exemple. Pour une femme, quelle est la priorité : la bande passante pour le téléphone ou la nourriture pour son bébé ? La première priorité sera la nourriture bien sûr. Ainsi, le compromis, en particulier pour les pauvres, consiste à satisfaire leurs besoins de base, comme la nourriture ou le logement, plutôt que d’acheter ce type d’équipement, qu’ils considèrent comme un luxe.

Les gouvernements ont tout intérêt à veiller à ce que la connectivité soit généralisée au sein de la population. Il existe pour cela plusieurs programmes gouvernementaux, dont le service universel, qui consiste à subventionner le coût des appareils pour que les gens, en particulier ceux qui sont mal desservis, puissent y avoir accès. Il existe également d’autres programmes dans lesquels le gouvernement est impliqué dans la construction d’infrastructures. Ainsi, il aide les opérateurs à en construire, soit en les subventionnant, soit en les exonérant des redevances, de sorte que l’argent qu’ils utiliseraient pour payer des droits de licence ou des droits d’utilisation du spectre, ils l’utilisent pour déployer leurs systèmes et leurs services.

Il ne serait pas judicieux de nommer des pays, mais je pense qu’il y a des gouvernements qui offrent de très bonnes incitations, soit au secteur privé, soit au secteur public, pour assurer la connectivité. Le Rwanda est un exemple classique de ce type de gouvernement. Le Maroc fait également de gros efforts. De plus en plus, les gouvernements s’impliquent pour garantir une connectivité au sein de la population afin d’encourager le développement économique.

C’est notre intérêt à tous, en tant que continent, de trouver des solutions pour rattraper ce retard

Il faut des régulateurs dans le gouvernement, il doit y avoir une plus grande collaboration autour de politiques qui seraient plus efficaces. Et qui intègre la société. La population la plus affectée par le manque d’énergie, ce sont les femmes. Elles subissent les conséquences de façon plus importante. C’est notre intérêt à tous, en tant que continent, de trouver des solutions pour rattraper ce retard. Un grand nombre de personnes veut être connecté de manière intelligente par exemple via les smartphones mais dans notre écosystème africain, c’est comme si nous sautions une étape. Dans certains pays il n’y a pas de 3G, alors qu’on évoque aujourd’hui la 5G. Il faut accompagner cette transition rapide. Nous avons tous besoin de ces services pour l’agriculture, pour l’éducation de nos enfants. C’est donc de notre devoir par exemple, d’intégrer au réseau les enfants des zones rurales pour qu’ils aient accès à la même connection que ceux des villes.

Le secteur privé, qui reste motivé par le profit, a un rôle clé à jouer. Tant qu’il voit une opportunité sur un bon retour sur investissement, il investira. Les gouvernements doivent inciter le secteur privé

Le secteur privé, qui reste motivé par le profit, a un rôle clé à jouer ici. Tant qu’il voit une opportunité sur un bon retour sur investissement, il investira. Ce que nous répétons en réalité, c’est que les gouvernements doivent inciter le secteur privé à déployer davantage de services et cette incitation peut prendre n’importe quelle forme : subventions, droits de licence, abattements fiscaux, de nombreuses formes… Le secteur privé est vraiment le moteur du développement.

Est-ce qu’on peut avoir un compromis à la 5G sans utiliser trop d’énergie ? Oui il y a des pistes. Je pense qu’il faut d’abord développer un cadre politique ou l’innovation peut être renforcée notamment la 5G en utilisant les ressources qui existent dans le continent. L’Afrique est le continent qui a le plus grand potentiel pour utiliser l’énergie solaire. Il y a beaucoup de moyens pour générer cette énergie, cela est un avantage. Sans oublier l’énergie éolienne… Il faut des politiques de l’environnement adéquates qui soient compatibles avec le développement de la 5G, c’est un compromis. L’Afrique doit développer la 5G à travers l’énergie renouvelable. Il faut aussi éduquer la population à bien utiliser ces technologies. Sensibiliser à l’économie d’énergie, au gaspillage. Par exemple, il faut apprendre aux enfants à éteindre les appareils quand ils sont à l’école… La sensibilité publique est une nécessité, en particulier dans l’éducation des plus jeunes.

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