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Financement des énergies fossiles : une équation à mille inconnues

C’est l’une des annonces fortes de la Cop-26 tenue en novembre 2021 à Glasgow. Les financements des énergies fossiles devraient être arrêtés. Une aubaine pour l’environnement mais un sacré coup pour les néo pays pétroliers.

Par Amadou SY

« Au moment où plusieurs pays africains s’apprêtent à exploiter leurs importantes ressources gazières, l’arrêt des financements de la filière gazière, sous prétexte que le gaz est une énergie fossile, sans tenir compte du fait qu’il est aussi et surtout une énergie propre, porterait un coût fatal à nos économies en quête d’émergence. Bloquer les financements de la filière gazière, c’est ajouter une grande injustice économique à l’injustice climatique que l’Afrique subit plus que tous les autres continents ». C’est le Président de la République du Sénégal, Macky Sall qui répondait ainsi à la volonté de certains pays développés de renoncer au financement des énergies fossiles. 

Si d’un côté les questions environnementales sont évoquées, d’un autre, le développement est au cœur des arguments pour des pays qui attendent énormément de l’exploitation des ressources pétrolières et gazières. Acteur majeur de la finance en Afrique, la Banque africaine de développement a donné le ton. 

Bloquer les financements de la filière gazière, c’est ajouter une grande injustice économique à l’injustice climatique que l’Afrique subit plus que tous les autres continents

Alors que le Kenya s’apprêtait à lancer un projet de centrale à charbon, censée fournir 1 095 mégawatts dans l’est du pays, la Bad, après le verdict d’un tribunal environnemental de suspendre le projet, décida de renoncer au financement. Comme pour ne rien arranger, des ONG africaines ont profité de l’assemblée générale d’Afreximbank pour tirer la sonnette d’alarme.

« Ces projets contribuent non seulement au changement climatique, mais ont également de graves impacts négatifs sur les communautés et les écosystèmes locaux. L’Afrique est l’une des régions les plus vulnérables aux impacts du changement climatique, les communautés rurales étant déjà confrontées aux conséquences dévastatrices des sécheresses, des inondations et des phénomènes météorologiques extrêmes. Le continent est également octroyé par une crise énergétique », ont-ils écrit dans un communiqué dont nous avons reçu copie. Pour eux, l’Afrique doit se tourner résolument vers les énergies renouvelables.

Impacts réels sur les perspectives 

Aujourd’hui que beaucoup de pays placent énormément d’espoir sur les revenus, renoncer aux énergies fossiles constituerait un sacré coup. Au Sénégal, par exemple, les projections de recettes attendues de l’exploitation des hydrocarbures, provenant des projets GTA et Sangomar, tablent sur un montant global de près 59,16 milliards FCFA pour 2023 et pour 2024, les ressources pétrolières et gazières devraient rapporter 327,28 milliards FCFA, puis 501 milliards FCFA 2025.  Considéré comme moins polluant que les autres, le gaz naturel est-il pour autant une énergie propre ? L’idée est de plus en plus brandie. Selon Ado Koffi, spécialiste en énergie, présent à l’assemblée générale d’Afreximbank, du fait de qu’il n’émet « que » 0,206 kg de CO2 par kilowattheure d’énergie fournie alors que l’essence, le gazole, le kérosène, beaucoup estime qu’il peut être considéré dans une moindre mesure, comme un une énergie propre. Mais derrière cette idée, l’objectif c’est d’aider certains pays à ne pas faire une transition brusque.

Trouver des solutions en urgence

Economiste et consultant international en efficacité énergétique, Wahab Sylla estime que les enjeux sont réels. Et pour lui, il est nécessaire que les pays qu’ils considèrent « comme les néo-pétroliers » jouent sur deux tableaux. D’abord, il leur recommande de continuer à négocier avec les bailleurs pour les pousser à revoir certaines positions, notamment celles liées au gaz. « Il est possible de faire plus de concessions pour le gaz, même si c’est pour quelques années, le temps pour les pays de tirer le maximum de ressources comme ils l’avaient prévu », a-t-il suggéré. Parce que dit-il, beaucoup de pays ont signé des contrats faramineux et/ou ont basé beaucoup de leurs programmes sur les retombées futures de ces ressources. « Mais il est aussi important que l’Afrique parle d’une seule voix », a-t-il insisté.

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