Bertin Nahum, le Franco-béninois, spécialiste mondial de la robotique médicale
Fervent défenseur de l’investissement en Afrique, Bertin Nahum a acquis, avec MedTech Quantum Surgical, une notoriété internationale et multiplie les prix avec ses innovations de pointe. Avec Steve Jobs, Mark Zuckerberg et James Cameron, il compte parmi les entrepreneurs les plus révolutionnaires au monde selon la revue canadienne Discovery Series.

Par Mérième Alaoui
En octobre dernier, à New York, Bertin Nahum a reçu le Prix Galien USA 2022, dans la catégorie start-up medtech. Considéré comme le Prix Nobel en recherche biopharmaceutique, il récompense sa plateforme robotisée Epione®, dédiée au traitement curatif et précoce du cancer de l’abdomen et en particulier du foie. C’est une success story que revendiquent aussi bien son pays d’adoption, la France, que celui d’origine, le Bénin, et plus largement l’Afrique. Mais le président fondateur de Quantum Surgical, société spécialisée dans la conception de robotique médicale et chirurgicale, est surtout un fervent défenseur de la puissance de la diaspora africaine pour le développement du continent.
Quatrième entrepreneur high-tech le plus révolutionnaire du monde après Steve Jobs, Mark Zuckerberg et James Cameron.
Le franco-béninois ne cache pas son ambition d’être leader mondial. Ce n’est pas un hasard si la revue canadienne Discovery Series l’a classé quatrième entrepreneur high-tech le plus révolutionnaire du monde après Steve Jobs, Mark Zuckerberg et James Cameron.
Né au Sénégal, de parents béninois, il grandit en France et fait ses études à Lyon, à l’Institut national des sciences appliquées (INSA). Le jeune ingénieur décroche ensuite un Master of Science en robotique de la Coventry University (Grande-Bretagne).
Sa carrière commence dans de grands groupes de robotique chirurgicale : Computer Motion Inc., Integrated Surgical System Inc., et IMMI SA. En 2002, il franchit le pas de l’entreprenariat avec sa première start-up Medtech, rachetée par le groupe américain Zimmer Biomet pour 164 millions d’euros. En 2017, il lance Quantum Surgical dans laquelle il développe les dernières innovations reconnues mondialement.
Je me sens aussi Béninois. C’est le pays de mes parents que j’ai perdus très jeune. J’ai dû donc chercher et bâtir ce lien de transmission habituellement fait par les parents
Un rayonnement mondial, mais tout en gardant un œil sur l’Afrique. « Je n’ai qu’un seul passeport, il est français. Mais je me sens aussi Béninois parce que c’est le pays de mes parents que j’ai pourtant perdus très jeune. Je n’ai donc pas eu ce lien de transmission qui est fait habituellement par les parents. J’ai dû aller le chercher pour le bâtir moi-même. Mon lien avec l’Afrique et le Bénin en particulier, c’est tout simplement affectif. Le pays de mes parents, les origines de ce que je suis. »
Le Bénin, Bertin Nahum l’a découvert très tardivement, mais se considère comme faisant partie de la diaspora africaine. « Oui, j’ai cette conscience que c’est important pour un certain nombre de jeunes et de moins jeunes. J’ai aussi une responsabilité de ne pas fermer la porte derrière moi. Si je ne veux pas surjouer, je ne veux pas non plus être dans une espèce de déni. Le terme de diaspora est le plus adéquat car il intègre différents aspects, correspond à différentes situations. »
Le continent africain n’a pas tous ces freins et ces habitudes de consommation. Il est donc perméable aux nouvelles technologies, aux approches innovantes
Sans surprise, l’entrepreneur est régulièrement sollicité en Afrique pour des conférences ou pour participer à des jurys. Mais difficile d’y apporter ses innovations à ce jour. « Les technologies de pointe que je développe sont très chères et même en Occident, cela concerne un nombre d’établissements limités. En Afrique, il y a peu ou pas d’établissements qui ont le niveau d’équipement qui pourraient les accueillir. » Mais le visionnaire continue de surveiller et d’encourager les initiatives locales. « Je donne volontiers mon avis dans le cadre de jurys ou de concours de robotique. Il y a beaucoup d’initiatives africaines qui tournent autour de la e-santé. On propose des applications très concrètes pour répondre à une problématique de terrain. Par exemple pour assister les patients, leur rappeler quand ils doivent être traités, partager des informations médicales », se souvient-il.
Quant à l’avenir de la Medtech en Afrique, il ne peut être que plus riche. « Cela a déjà été théorisé, le continent africain n’a pas tous ces freins et ces habitudes de consommation. Il est donc perméable aux nouvelles technologies, aux approches innovantes qui sont plus difficiles à être adoptées en occident. Je ne désespère pas d’arriver un jour à installer une de mes technologies. »
Si les nouvelles technologies prennent de plus en plus de place, c’est particulièrement vérifié pour le secteur de la santé selon Bertin Nahum. « Tout simplement car la technologie dans la santé permet de fiabiliser. In fine son but principal est de fiabiliser l’acte, fiabiliser le geste, de permettre à plus de patients de bénéficier de haut niveau de soins, de réduire ce qu’on appelle l’aléa médical et chirurgical. C’est la raison pour laquelle cette grande tendance est amenée à se développer, à s’amplifier et c’est presque irréversible. »