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Portfolio: Ces Africains à la tête des organisations internationales

Profils élogieux, parcours riches, expérience avérée, découvrez les parcours de ces hommes et femmes africains qui dirigent, le plus souvent pour la première fois, de puissantes organisations internationales.

Par Bernard Bangda

Tedros Adhamon Ghebreyesus, un expert de la gestion des épidémies à l’OMS

Il a connu un premier mandat secoué par l’épidémie d’Ebola en RDC et le Covid-19. La gestion de ces maladies vaut à Dr Tedros d’être réélu.

Élu pour la première fois en mai 2017 pour 5 ans l’Ethiopien Tedros Adhamon Ghebreyesus a rempilé en mai 2022 à la tête de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Premier Africain à ce poste, l’ancien ministre éthiopien de la Santé publique, puis des Affaires étrangères, sans avoir fait d’études de médecine, est titulaire d’un doctorat en santé communautaire et d’un master en immunologie des maladies infectieuses, obtenus en Grande-Bretagne.

« Après sa première élection, Tedros Adhanom Ghebreyesus fixe la couverture sanitaire universelle comme l’une de ses priorités »

Pour être né à Asmara (capitale de l’Érythrée), et grandi dans un pays où les soins ne sont pas accessibles à tous (enfant, il a perdu, un frère faute de médicaments nécessaires à ses soins), Tedros Adhanom Ghebreyesus fixe la couverture sanitaire universelle comme l’une de ses priorités quand il est élu pour la première fois.

Seulement, d’abord Ebola en 2018 en République démocratique du Congo (RDC), puis le Covid-19 en 2020 viennent troubler ses plans. L’Ethiopien est brusquement au cœur de l’actualité et régulièrement sollicité en urgence. Dr Tedros Adhamon et l’OMS doivent trouver des solutions définitives à cette crise. Depuis mars 2020, entre gestion de la pandémie, recherche des médicaments et des vaccins, « la première personnalité africaine 2020 », le magazine Jeune Afrique, aura le sommeil léger.

« Après le succès avec Ebola en RDC, le DG de l’OMS applique les mêmes méthodes pour venir à bout de la pandémie du Covid-19 : mobilisation internationale et descentes régulières sur le terrain »

Heureusement, le DG de l’OMS a déjà connu une épidémie, Ebola, en 2018. L’« expert des interventions d’urgence lors d’épidémie », va adopter les mêmes méthodes pour venir à bout de la pandémie du Covid-19 : mobilisation internationale et descentes régulières sur le terrain (en Chine dès l’annonce officielle de l’épidémie de Coronavirus début 2020, ndlr) pour soutenir les opérations de l’OMS. Une stratégie payante qui lui vaut d’être réélu en mai 2022.

L’homme de 57 ans peut désormais se pencher sur ses priorités de 2017 : la couverture sanitaire universelle, les situations d’urgence, la santé de la femme, de l’enfant et de l’adolescent, les conséquences du changement climatique et environnemental sur la santé, et la réforme de l’OMS.

Ngozi Okonjo-Iweala, une « dame de fer » pour redynamiser l’OMC

C’est la mission que s’est assignée la première femme, de surcroit la première africaine, qui est directrice générale de l’Organisation mondiale du Cameroun.

Le 21 mars 2021, la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala a pris fonction comme directrice générale de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC). Elle remplace à ce poste le diplomate brésilien Roberto Azevêdo, en poste de 2013 à 2020. Septième directeur général de l’OMC, elle a surtout la particularité d’être la première femme à occuper cette fonction depuis sa création le 1er janvier 1995 par les négociations du Cycle d’Uruguay (1986-1994) qui élargissaient le système commercial au commerce des services et à la propriété intellectuelle, et reformaient le commerce des produits sensibles tels que les produits agricoles et les textiles.

« La tâche parait titanesque mais l’ancienne ministre des Finances du Nigéria (entre 2003 et 2006, puis entre 2011 et 2013) ne manque pas d’atouts »

La « dame de fer », comme ses compatriotes la surnomment, doit relever un défi : redynamiser de l’institution « en perte de vitesse », depuis notamment la crise commerciale ouverte entre la Chine et les États-Unis. Si la tâche parait titanesque, l’ancienne ministre des Finances du Nigéria (entre 2003 et 2006, puis entre 2011 et 2013) ne manque pas d’atouts.

Le premier est le fait d’être connue dans le monde de l’économie et de la finance. En effet, Ngozi Okonjo-Iweala a passé 25 ans à la Banque mondiale où elle a gravi les échelons jusqu’au poste de directrice des opérations, en réalité numéro deux de la plus grande institution de financement du développement. En tant que ministre des Finances de son pays, elle a obtenu le prix 2004 du meilleur ministre des Finances dans le monde.

« Ses succès comme ministre des Finances de son pays lui valent d’occuper plusieurs postes honorifiques au niveau mondial mais surtout d’être classée 3ème du Top 100 des Africains les plus influents de Jeune Afrique »

Cette consécration est la conséquence des réformes qu’elle avait menées dans le secteur des finances de son pays. La docteure en économie et développements régionaux du Massachusetts Institute of Technology (MIT), également diplômée d’une licence et d’un doctorat en économie à l’université d’Harvard, à occuper des fonctions honorifiques dans le milieu de la finance (présidente du conseil d’administration de l’Alliance Gavi pour les vaccins, coprésidente de la Commission mondiale sur l’économie et le climat, membre du conseil d’administration de Twitter). En 2020 elle est classée 3ème du Top 100 des Africains les plus influents de Jeune Afrique.

Louise Mushikiwabo, l’Afrique féminine s’empare de la Francophonie

La désignation de la Rwandaise marque également le retour de son pays dans le cercle des 84 pays au monde qui ont en partage la langue française.

Louise Mushikiwabo n’oubliera jamais la date du 12 octobre 2018. Ce jour-là, réunis à Erevan en Arménie, les chefs d’État et de gouvernement des pays membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) l’avaient élue à l’unanimité à la tête de l’organisation. Elle prend fonction en 2019 et remplace Michaëlle Jean à la tête de la Francophonie.

« Louise Mushikiwabo est la quatrième secrétaire générale de la Francophonie mais surtout la première femme africaine à occuper ce poste »

La Rwandaise devient alors la quatrième secrétaire générale de cette organisation mais surtout la première femme africaine à occuper ce poste. Celui-ci consiste notamment à fédérer les 84 États membres autour de la promotion de la langue française, des droits de l’Homme et du développement inclusif. La Francophonie est la communauté des 274 millions de locuteurs qui parlent le français dans le monde et qui partagent une certaine façon de penser et de voir le monde.

Les fonctions diplomatiques de Louise Mushikiwabo ne lui sont pas étrangères. En effet, dans son pays, elle a été ministre de l’Information, puis ministre des Affaires étrangères et de la Coopération pendant 10 ans. C’est de là qu’elle part pour devenir secrétaire général de l’OIF.

Pour rappel, l’OIF est une organisation créée en 1970 pour défendre la diversité culturelle dans le monde et les valeurs des droits de l’Homme via la protection de l’usage de la langue française. Elle est incarnée par son secrétaire général, élu pour quatre ans.

Makhtar Diop trône au-dessus de la Société financière internationale

Le Sénégalais de 63 ans est depuis le 1er mars 2021 directeur général de cette institution financière de la Banque mondiale, chargée des investissements privés. 

Il fait partie des premiers Africains à occuper un poste stratégique et de pouvoir dans les organisations internationales. Makhtar Diop est depuis le 1er mars 2021, le poste de directeur général de la Société financière internationale (SFI), institution de la Banque mondiale en charge de l’investissement dans le secteur privé. Ce Sénégalais est nommé à ce poste le 18 février 2021, par le président du Groupe de la Banque mondiale, David Malpass. L’économiste de formation et de carrière arrive à la SFI dans un contexte de crise sanitaire aux nombreuses répercussions économiques.

« Makhtar Diop travaille à redresser l’économie mondiale et davantage celle des pays en voie de développement, impactées par la chute des cours des matières premières et la baisse des activités commerciales »

Depuis lors, Makhtar Diop travaille à redresser l’économie mondiale et davantage celle des pays en voie de développement, impactées par la chute des cours des matières premières et la baisse des activités commerciales. Sa formation l’y aide. En effet, Makhtar Diop détient un Master de l’Université de Warwick et un Master de philosophie de l’Université de Nottingham ainsi qu’un diplôme en finances de l’École supérieure des sciences commerciales appliquées à Paris.

Mais aussi son expérience. Et sa riche carrière. Depuis 2018, Makhtar Diop était vice-président de la Banque mondiale en charge des infrastructures. De 2012 à 2018, il occupe le même poste pour l’Afrique subsaharienne. Y étant, il a supervisé des engagements d’un montant record de 70 milliards de dollars, afin de répondre aux grands défis de développement des pays d’Afrique.

Dr Muhammad Ali Pate : le nouveau DG de l’Alliance Gavi 

Le 14 février 2023, le conseil d’administration de Gavi a approuvé la nomination du Nigérian au poste de directeur général de l’Alliance pour les vaccins.

Après 12 ans à la tête de l’Alliance, Dr Seth Berkley sera remplacé par Dr Muhammad Ali Pate comme directeur général (DG) de l’Alliance Gavi. Le nigérian prendra fonction le 3 août 2023. « Ce sera pour moi un privilège de diriger Gavi et de continuer à aider les pays à intensifier les programmes essentiels de vaccination de routine, à atteindre davantage d’enfants à dose zéro, à élargir l’accès aux nouveaux vaccins, à transformer les systèmes de soins de santé primaires et à contribuer à la lutte contre les épidémies et les futures pandémies », déclarait le promu juste après sa désignation.

« Comme ministre d’État à la santé du Nigeria entre 2011 et 2013, il a relancé les vaccinations de routine et les soins de santé primaires, présidé un groupe de travail présidentiel pour éradiquer la polio et introduit de nouveaux vaccins dans le pays »

Il n’est pas un nouveau dans le milieu de la santé mondiale. Ce médecin formé en médecine interne et en maladies infectieuses, titulaire d’un MBA de l’université de Duke aux États-Unis, a été ministre d’État à la santé du Nigeria entre 2011 et 2013. À ce poste, il a relancé les vaccinations de routine et les soins de santé primaires, présidé un groupe de travail présidentiel pour éradiquer la polio et introduit de nouveaux vaccins dans le pays.

« Ayant travaillé avec lui lorsqu’il était ministre et à la Banque mondiale, je sais qu’il comprend qu’il devra être intransigeant dans sa volonté d’équité en matière de santé publique », Dr Berkley

En tant que directeur mondial pour la santé, la nutrition et la population de la Banque mondiale et directeur de la Facilité de financement mondiale de la Banque mondiale entre 2019 et 2021, il a dirigé la réponse de la Banque en matière de santé mondiale COVID-19, d’un montant de 18 milliards de dollars. Il a également représenté la Banque dans divers conseils, notamment ceux de Gavi, du Fonds mondial et de l’ONUSIDA. Il est actuellement titulaire de la chaire Julio Frenk de leadership en santé publique à la Harvard Chan School of Public Health et a siégé, au cours de sa carrière, à plusieurs conseils d’administration et groupes d’experts axés sur la santé dans les secteurs public, privé et à but non lucratif.

« Je suis confiant dans l’avenir de Gavi sous Dr Muhammad : ayant travaillé avec lui lorsqu’il était ministre et à la Banque mondiale, je sais qu’il comprend qu’il sera intransigeant dans sa volonté d’équité en matière de santé publique », déclarait Dr Berkley au sujet de son remplaçant.

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