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Culture : “Aya de Yopougon”, une success story made in Africa

Prix du meilleur premier album à Angoulême en 2006, vendue à plus de 800 000 exemplaires, traduite en 15 langues et adaptée en film d’animation… Après douze années d’absence, “Aya de Yopougon”, la série BD à succès, revient avec un nouveau tome. Quel est le secret de la success story éditoriale de ce soap opera à l’ivoirienne ? 

Par M.A.

Aya poursuit ses études et tente de prendre sa vie sentimentale en main. Bintou est une star de la télé soumise à une forte pression. Innocent fête la victoire de François Mitterrand à Paris et participe
à la lutte pour les droits des immigrés. Grégoire et Moussa continuent ensemble leurs aventures… Aya et ses acolytes sont de retour dans un nouvel opus, plein d’humour et d’émotion. La recette qui a fait le succès de la série.

Et si c’était le secret de l’autrice Marguerite Abouet elle-même née à Yopougon ? L’authenticité de l’univers ivoirien ?  Sans aucun doute à l’origine du succès des six premiers tomes, le style a également séduit des producteurs de cinéma et de télévision. Invitant Marguerite Abouet à se lancer dans le scénario du film “Aya de Yopougon” qui a été nominé aux César en 2014, avant de créer la série télévisée “C’est la vie  !” diffusée sur A+ et TV5 Monde /Afrique et sur une quarantaine de chaînes nationales africaines. C’est cette expérience télévisuelle riche, qui explique le retour à la BD… Douze ans plus tard.

“J’aime peindre les Ivoiriens et leur folie avec humanité et humour. Parce que l’humour fait réellement partie de la vie des Ivoiriens”

 “Quand j’entendais Marguerite me raconter des anecdotes hilarantes sur les tournages de ses séries en Côte d’Ivoire, j’ai pensé que ça pourrait être intéressant à mettre en scène” se souvient l’illustrateur, et compagnon de route de toujours, Clément Oubrerie.  » Travailler dans l’audiovisuel a été éreintant, car dans ce milieu, on a sans cesse affaire à des gens qui vous suggèrent de modifier telle scène, de changer tel dialogue… Et cette pression te remet en question dans ta capacité d’écriture. Retrouver Aya m’a aussi permis de me prouver que je savais et que je pouvais écrire SEULE” reconnaît l’autrice.

Un des thèmes de société évoqué dans la série, est précisément la place que prennent les séries télé dans la vie des Ivoiriens. Au point que certaines actrices, confondues avec leurs rôles de femmes qui séduisent des hommes mariés par exemple, sont agressées dans la rue. “En général, je préfère prendre de la distance (…), ne pas forcément prendre position en public. Mais écrire des fictions me permet d’alerter sur certains problèmes. Par exemple, le harcèlement et les violences sexuelles des professeurs d’université sur leurs étudiantes”, ou encore l’autisme, l’homophobie… 

Une série qui dépeint une Afrique authentique, loin des clichés

Tout cela avec beaucoup de finesse et de légèreté. Car la BD est avant tout une comédie. “Aya, c’est une toile de fond drôle, vivante, émouvante et bienveillante. J’aime peindre les Ivoiriens et leur folie avec humanité et humour. C’est parce que l’humour fait vraiment partie de la vie des Ivoiriens”.

Reste que le succès, à la fois immédiat et inattendu de ce soap opera à l’ivoirienne dépasse largement les frontières de « Babi ». Traduite en 15 langues, vendus à 800 000 exemplaires, prix du meilleur premier album à Angoulême en 2006, adaptée en long-métrage d’animation en 2013… La série, qui dépeint une Afrique authentique, loin des clichés, témoigne d’une tendance. Chez les lecteurs d’Afrique francophone comme de la diaspora : une soif de contenus « made in Africa ».

Avec un secteur de l’édition en plein essor sur le continent_ les ventes de livres en langue française édités dans la région étaient estimées à plus de 120 millions d’euros soit plus de 2 % du marché du livre francophone mondial_, les maisons d’éditions qui opèrent sur le secteur « s’africanisent » tandis que des acteurs locaux émergent. Donnant de plus en plus à lire, et à voir, une Afrique qui se raconte par elle-même.

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