Reportage Conférence mondiale de développement des télécommunications de l’UIT (CMDT) « Connecter les non-connectés pour parvenir au développement durable »
La capitale rwandaise accueillait du 6 au 16 juin dernier la Conférence mondiale de développement des télécommunications (CMDT). Membres de l’organisation, ministres du continent, partenaires au développement et opérateurs privés étaient au RDV pour plancher sur le thème « Connecter les non-connectés pour parvenir au développement durable ». Autrement dit, l’enjeu du numérique en Afrique.
Par Dounia Ben Mohamed, à Kigali
Images et montage Baptiste Habineza
« L’immense potentiel social et économique d’Internet reste largement inexploité malgré 30 ans de croissance régulière ». C’est la conclusion d’ un rapport de l’Union internationale des télécommunications (UIT), l’agence spécialisée des Nations Unies pour les technologies de l’information et de la communication, publié à l’occasion de l’ouverture de la Conférence mondiale de développement des télécommunications de l’UIT, laquelle se tenait à Kigali du 6 au 16 juin dernier. Ainsi, selon le Rapport mondial sur la connectivité 2022 alors que le nombre d’utilisateurs d’Internet est passé de quelques millions au début des années 1990 à près de cinq milliards aujourd’hui, 2,9 milliards de personnes – soit environ un tiers de l’humanité – restent totalement déconnectées, et plusieurs centaines de millions d’autres sont aux prises avec des services coûteux et un accès de faible qualité qui ne contribue guère à améliorer matériellement leur vie.
« La conférence se tient à un moment clé pour réfléchir à l’urgence dans le monde post-covid où nous ne pouvons pas nous permettre de laisser qui que ce soit derrière »
Le rapport préconise ainsi de placer la « connectivité universelle et significative » – définie comme la possibilité d’une expérience en ligne sûre, satisfaisante, enrichissante, productive et abordable pour tous – au centre du développement mondial. Ce qui était au cœur des échanges de la CMDT. Membres de l’UIT, ministres du continent, partenaires au développement et opérateurs privés étaient au RDV pour plancher autour du thème « Connecter les non-connectés pour parvenir au développement durable ». Autrement dit, mettre le numérique au service du développement en Afrique, comme ailleurs.
Et à ce titre, la conférence se tient à « un moment clé pour réfléchir à l’urgence dans le monde post-covid où nous ne pouvons pas nous permettre de laisser qui que ce soit derrière » a souligné Paula Ingabire, ministre des TIC et de l’innovation du Rwanda, hôte de la manifestation. Mettant en avant la stratégie du gouvernement rwandais qui a placé le numérique au cœur de son modèle de développement. Avec des résultats probants. Kigali, ville intelligente, dispose, et ce depuis 2019, de bus intelligents, équipés du Wi-Fi 4G gratuit pour chaque passager. Une initiative qui s’inscrit dans le cadre de la vision du gouvernement rwandais de donner à chaque citoyen l’accès à l’internet.
Une vision et un modèle qui auront été partagés avec les délégations africaines participants à l’évènement dans une optique de mette en place des synergies. Selon l’objectif prédéfini par les organisateurs : la CMDT 2022 doit définir les stratégies et objectifs concernant le développement des TICs en fournissant des orientations et des indications au secteur du développement des télécommunications de l’UIT. Avec pour idée de répondre au défi de « connecter ceux qui ne le sont pas encore afin de parvenir au développement durable », la CMDT aura été également l’occasion de concevoir des approches novatrices et de nouveaux modèles de collaboration en matière de connectivité et de solutions numériques en vue d’atteindre les Objectifs de développement durable (ODD).
« Nous devons créer les bonnes conditions, notamment en promouvant des environnements propices à l’investissement, pour briser les cycles d’exclusion et apporter la transformation numérique à tous »
« L’accès équitable aux technologies numériques n’est pas seulement une responsabilité morale, il est essentiel pour la prospérité et la durabilité mondiales », a déclaré le Secrétaire général de l’UIT, Houlin Zhao. « Nous devons créer les bonnes conditions, notamment en promouvant des environnements propices à l’investissement, pour briser les cycles d’exclusion et apporter la transformation numérique à tous ».
Alors que la forte augmentation de la demande d’accès à Internet liée à la Covid-19 a amené quelque 800 millions de personnes supplémentaires en ligne, elle a également considérablement augmenté le coût de l’exclusion numérique, les personnes incapables de se connecter étant brusquement privées d’emploi, de scolarité, d’accès aux conseils de santé, aux services financiers, et beaucoup plus.
« Une connectivité universelle et significative est devenue l’impératif mondial de notre décennie », a déclaré Doreen Bogdan-Martin, Directrice du Bureau de développement des télécommunications de l’UIT. « Il ne s’agit plus seulement de relier les gens – le rôle de catalyseur de la connectivité sera également absolument essentiel à notre succès dans la réalisation des objectifs de développement durable des Nations Unies ».
Élection du prochain directeur du Conseil de l’IUT : « Its time for Africa »
En attendant, un autre challenge s’est joué en marge de la Conférence : la course à la direction du Bureau de la normalisation des télécommunications de l’UIT pour la période 2023-2026 dont l’élection aura lieu lors de la prochaine Conférence des plénipotentiaires de l’UIT, du 26 septembre au 14 octobre prochain à Bucarest, en Roumanie.
A ce titre, à la candidature du Tunisien Dr Bilel Jamoussi, actuel chef du département des commissions d’études du bureau de la normalisation des télécommunications à l’IUT, soutenue par l’Union Africaine, s’ajoute le Sénégal, le Maroc, et le Ghana. Et l’enjeu est de taille : en cas de victoire, la présidence sera pour la première fois assurée par un Africain. « Its time for Africa » a assuré John Omo, secrétaire générale de l’Union africaine des télécommunications, apportant, lui aussi, son soutien au Dr Bilal Jamoussi.