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Interview Youth Connekt Africa « Etre un connecteur pour les jeunes et femmes entrepreneurs à travers le continent »

Déclinaison panafricaine de Youth Connekt Rwanda, Youth Connekt Africa vise à capitaliser sur la jeunesse du continent en connectant les jeunes africains à la transformation économique et sociale. Avec un focus particulier porté sur les femmes. Explications avec Oulia Keita, directrice executive de Youth Connekt Africa. 

Parlez-nous de vous et de Youth Connekt Africa…

Je m’appelle Oulie Keita et je suis la directrice de Youth Connekt Africa, basée à Kigali, au Rwanda. Je suis une femme, une mère et une entrepreneuse à mes heures libres. Je travaille dans le domaine du développement depuis 17 ans, sur l’émancipation des jeunes et des femmes, ainsi que sur les processus de paix et de sécurité, en particulier pour les jeunes et les femmes du continent. Je suis titulaire d’un master en gestion des organisations à but non lucratif et d’une licence en relations internationales de l’université du Maryland, aux États-Unis. Je travaille en Afrique depuis quinze ans sur les dix-sept années de mon expérience professionnelle. 

« Au cours de la dernière décennie, nous avons fait de grandes avancées pour rendre le monde des affaires plus favorable aux femmes »

Youth Connekt Africa est une extension de Youth Connekt Rwanda qui a été créé par le Président rwandais Paul Kagame, en 2012, pour répondre à la problématique de la croissance démographique de la jeunesse rwandaise. Les jeunes, comme vous le savez, représentent la majorité de la population des pays africains. Il a donc réalisé que si nous voulions exploiter le dividende démographique en Afrique, nous devions investir dans nos jeunes. Il a ainsi lancé Youth Connekt Africa, en partenariat avec le PNUD. Ils ont travaillé ensemble en tant que partenaires égaux pour promouvoir cette jeunesse rwandaise. C’est devenu une telle réussite que les pays africains de l’Union Africaine ont demandé au gouvernement rwandais d’étendre cette initiative à leurs pays. Ainsi, d’un seul pays en 2012, nous sommes maintenant présents dans 25 pays et nous sommes également déterminés à connecter davantage de pays africains. Nous voulons que tous les États africains fassent partie de Youth Connekt d’ici 2025. Notre vision globale est de connecter les jeunes à la transformation économique et sociale et nous aimerions toucher autant de jeunes que possible par la réalisation de l’agenda 2063 de l’UA ainsi que les objectifs de développement durable 2030 (ODD). C’est notre vision et c’est ce que fait Youth Connekt Africa.

Quels sont les difficultés rencontrées par les femmes entrepreneures et comment les accompagnez-vous ? 

Comme vous le savez, au cours de la dernière décennie, nous avons fait de grandes avancées pour rendre le monde des affaires plus favorable aux femmes. Mais nous nous heurtons toujours à des obstacles lorsqu’il s’agit de femmes entrepreneurs, de jeunes entrepreneurs. Nous essayons donc de trouver des moyens de connecter ces jeunes femmes entrepreneurs à la transformation économique. Nous recherchons, par exemple, des opportunités de financement, des investisseurs à travers le monde qui peuvent venir soutenir ces jeunes femmes dans ce qu’elles font. Nous utilisons l’économie digitale, le monde du digital, pour les mettre en relation avec des personnes qui partagent les mêmes idées à travers le monde, afin qu’elles puissent voir qu’elles ne sont pas seules, qu’elles puissent comprendre que si elles se mettent en réseau, qu’elles rencontrent les bonnes personnes, qu’elles ont les bons mentors, elles peuvent développer leur entreprise, qu’elle soit physique ou virtuelle. Nous essayons d’utiliser cet élan numérique pour renforcer les compétences des jeunes femmes, des jeunes entrepreneurs, afin qu’ils aient les compétences numériques nécessaires pour faire évoluer leurs entreprises. Elles n’ont pas besoin de voyager à travers le monde pour aller vendre leurs produits, elles peuvent utiliser la puissance de l’Internet, se connecter, développer leurs compétences et vendre, faire des profits à travers leurs innovations. Nous essayons d’être un connecteur pour ces entrepreneures à travers le continent et nous avons des partenaires avec qui nous travaillons. En ce moment nous avons un partenariat avec la fondation HP. HP forme nos jeunes entrepreneurs à développer leurs compétences, leurs compétences numériques, afin que leurs entreprises soient plus rentables. 

C’est dans ce cadre que vous avez noué un partenariat avec Digital Africa ? 

Nous essayons d’identifier des partenaires tels que Digital Africa, qui sont actifs sur le continent et qui peuvent rencontrer ces jeunes entrepreneurs, ces femmes entrepreneurs, leur partager les compétences, les soutenir, à travers leurs outils, leur réseau, pour générer des revenus. L’économie numérique est très importante pour Youth Connekt Africa et nous travaillons avec nos partenaires comme Digital Africa pour y parvenir.

« Nous passons beaucoup de temps, encore et encore, à nous assurer que ces femmes ne soient pas laissées pour compte parce qu’elles sont des femmes » 

Comme vous le savez, Digital Africa s’efforce aussi de connecter les jeunes africains à la transformation socio-économique et c’est aussi notre vision. Ils ont été actifs ces derniers temps, surtout après la crise du Covid, en essayant d’identifier ces jeunes entrepreneurs et les connecter à la transformation économique et numérique. Ils fournissent des formations en compétences numériques, des opportunités de mise en réseau, des financements sûrs.  Ensemble, avec Digital Africa, nous pensons que c’est le moyen de faire de bonnes opérations dans cette période de reprise post-Covid pour les jeunes qui ont tant perdu pendant la pandémie. Et c’est la raison pour laquelle nous avons conclu ce partenariat parce que nous avons une vision commune, nous voulons toucher autant de jeunes entrepreneurs que possible sur le continent surtout dans les pays francophones. L’Afrique du Sud, Lagos, Nairobi, les grandes villes ont bénéficié de nombreux soutiens. Alors que, au Rwanda, au Sénégal, la Côte d’Ivoire, le besoin est là, nous devons travailler avec ces jeunes entrepreneurs pour qu’ils rattrapent leurs pairs à Nairobi, Lagos, Johannesburg. C’est ce que nous essayons de faire avec Digital Africa.

Pour conclure, selon vous pourquoi faut-il, encore et encore, accompagnez les femmes dans le numérique ? Et Comment mieux les accompagnez ? 

Je pense que les femmes ont particulièrement besoin d’être soutenues dans le domaine de la technologie en Afrique, car elles sont confrontées à un lourd fardeau et à de nombreux défis. Quand vous parlez par exemple du travail, de la famille et des luttes professionnelles, elles doivent tout traverser. Non seulement elles sont d’abord des femmes, mais elles doivent aussi épouse, mère et elles doivent surmonter les défis du monde des affaires auxquels elles sont confrontées. Les femmes entrepreneurs doivent donc être beaucoup encadrées, elles doivent être vraiment soutenues par du renforcement de compétences, encore et encore, le renforcement des capacités, par la formation aux compétences numériques, afin de s’assurer qu’elles ne sont pas laissées pour compte, car elles ont des défis différents de ceux de leurs homologues masculins. Elles doivent donc être continuellement formées pour être efficaces sur leur marché et y avoir accès. C’est pourquoi nous passons beaucoup de temps, encore et encore, à nous assurer que ces femmes, ces jeunes entrepreneurs ne soient pas laissées pour compte parce qu’elles sont des femmes.

Pour en savoir plus : www.youthconnektafrica.org

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