Le cabinet de conseil Roland Berger a réalisé, à la demande de la plateforme Women in Africa (WIA) son étude annuelle sur l’entreprenariat féminin. L’édition 2020, « Accélérer la dynamique entrepreneuriale des femmes en Afrique – Améliorer l’accès au financement pour soutenir la dynamique entrepreneuriale », confirme la tendance : si les femmes sont la colonne vertébrale de l’économie africaine, l’entrepreneuriat féminin reste un parcours du combattant en particulier concernant l’accès au financement.
By Laurent Benarousse*
L’Afrique est une terre fertile pour l’entrepreneuriat féminin : le continent enregistre le taux d’activité entrepreneuriale le plus élevé au monde pour les femmes : 24% de femmes africaines entrepreneuses vs. 11% des femmes en Asie du Sud-Est Pacifique, 9% des femmes au Moyen-Orient, 6% des femmes en Europe et Asie centrale. Pourtant de très fortes disparités entre les hommes et les femmes demeurent. À la source des difficultés de financement des femmes africaines, résident trois facteurs principaux :
- Des conditions structurelles défavorables aux femmes : un niveau d’éducation moindre et une dotation en actifs plus faible.
- Des difficultés d’accès au financement : une non-complétion des conditions d’obtention de prêts et une auto-exclusion.
- Un entrepreneuriat majoritairement de subsistance : des entreprises de petite taille, aux besoins de financements modestes et au modèle économique donnant peu de gages de solidité aux investisseurs.
Entrepreneuriat des femmes en Afrique : des réalités plurielles sur le continent
Nous avons établi une segmentation des pays selon l’indice « Women entrepreneurship readiness » qui permet d’identifier quatre types de pays : les « locomotives », les « challengeurs », les « prochains émergents » et les « renaissants ».
CES QUATRE GROUPES DE PAYS SE DÉFINISSENT COMME SUIT :
- 9 pays « locomotives » caractérisés par une stabilité politique, des niveaux d’égalité hommes/femmes élevés, un système règlementaire favorisant la parité, des écosystèmes financiers matures. Afrique du Sud, Botswana, Ghana, Kenya, Malawi, Namibie, Nigeria, Ouganda et Zambie
- 4 pays « challengeurs » dotés d’un développement économique et d’écosystèmes financiers supérieurs aux autres pays africains, mais des taux modestes de participation des femmes à l’entrepreneuriat. Algérie, Egypte, Maroc et Tunisie
- 12 « prochains émergents » définis comme un groupe de pays hétérogènes et médians concernant l’entrepreneuriat féminin, en raison d’un accès limité au financement et du maintien d’un niveau important d’inégalités hommes-femmes. Bénin, Burundi, Cameroun, Côte d’Ivoire, Ethiopie, Gambie,Libéria, Mozambique, Rwanda, Sénégal, Sierra Leone et Tanzanie
- 7 pays « renaissants » caractérisés par un développement économique limité, de fortes inégalités hommes-femmes, une instabilité politique élevée, une faible bancarisation des populations et un système financier peu développé. Angola, Burkina Faso, Gabon, Libye, Mali, Mauritanie et Tchad
L’accès au financement : un maillon clé de la réussite entrepreneuriale
Les difficultés d’accès au financement des femmes africaines se déclinent différemment selon les sources de financement et les pays : si le microcrédit est distribué de manière équitable entre les femmes du continent, les autres sources de financement font apparaître des différences significatives entre hommes et femmes.
* Associé senior, membre du Conseil de surveillance, cabinet Roland Berger
Pour consulter l’étude : https://www.rolandberger.com/publications/publication_pdf/Etude-RB_WIA_Accelerer_la_dynamique_entrepreneuriale_des_femmes_en_Afrique.pdf