Asie du Sud : entre croissance solide et défis majeurs
Selon le nouveau South Asia Development Update de la Banque mondiale, la croissance de l’Asie du Sud devrait atteindre 6,6 % en 2025 avant de ralentir à 5,8 % en 2026. Des tendances qui pèseront sur l’économie mondiale, tant la région compte près d’un quart de la population active mondiale. Analyse.

L’Asie du Sud confirme en 2025 une dynamique plus robuste qu’anticipé, selon un récent rapport de la Banque mondiale, South Asia Development Update. Avec une croissance prévue de 6,6 % en 2025, largement portée par de bons résultats en Inde, au Bangladesh et au Sri Lanka, la région demeure la plus performante parmi les économies émergentes. Mais cette embellie pourrait être de courte durée : en 2026, la croissance devrait ralentir à 5,8 %, pénalisée par un contexte mondial moins favorable, des tensions géopolitiques persistantes et des risques de perturbations sur les marchés du travail liés à l’adoption de l’IA.
L’Asie du Sud reste un moteur de l’économie mondiale, mais sa croissance est vulnérable à plusieurs chocs externes
« L’Asie du Sud reste un moteur de l’économie mondiale, mais sa croissance est vulnérable à plusieurs chocs externes », note le rapport. Les risques identifiés sont nombreux : ralentissement prolongé de l’économie mondiale, hausse des tensions commerciales, instabilité sociale et exposition inégale aux technologies disruptives.
IA : opportunité majeure… mais pas pour tous
Le rapport souligne que l’exposition de l’Asie du Sud à l’IA reste « modérée » comparée aux autres économies émergentes, en raison du poids encore élevé des emplois agricoles et manuels. Toutefois, 15 % des emplois présentent une forte complémentarité avec l’IA, ouvrant la voie à des gains de productivité significatifs. Les métiers qui mobilisent des compétences en IA bénéficient aujourd’hui d’un premium salarial de près de 30 %.
Les effets de l’IA ne seront pas uniformes : elle créera autant qu’elle détruira
Mais les plus jeunes travailleurs, particulièrement ceux ayant un niveau d’éducation intermédiaire, demeurent vulnérables à la substitution technologique. « Les effets de l’IA ne seront pas uniformes : elle créera autant qu’elle détruira », avertit la Banque mondiale.
Commerce : un levier clé pour l’emploi
Le rapport insiste également sur la nécessité de réformes commerciales ambitieuses. Les données montrent que les périodes de libéralisation ont souvent été associées à des hausses rapides de l’emploi. Pourtant, la région demeure parmi les plus protectionnistes au monde.
Halver les barrières tarifaires, combiné à une meilleure mobilité des travailleurs, pourrait entraîner un gain notable de revenu par habitant. Selon la Banque mondiale, même une réduction de 5 % des coûts de transition professionnelle amplifierait fortement les bénéfices de l’ouverture commerciale.
L’Asie du Sud ne créera suffisamment d’emplois que si elle investit dans la formation, la mobilité et la productivité
Dans une région où la population active augmente de 1,5 à 2 % par an, l’emploi reste une priorité politique absolue. « L’Asie du Sud ne créera suffisamment d’emplois que si elle investit dans la formation, la mobilité et la productivité », affirme le rapport.
Impact mondial : Un ralentissement régional aurait des répercussions sur les flux commerciaux, l’investissement international et les équilibres énergétiques
Avec près de 2 milliards d’habitants et un rôle croissant dans les chaînes de valeur mondiales, les trajectoires économiques de l’Asie du Sud influencent directement l’économie mondiale. Un ralentissement régional aurait des répercussions sur les flux commerciaux, l’investissement international et les équilibres énergétiques.
La Banque mondiale en appelle à des réformes coordonnées : ouverture commerciale progressive, développement des compétences adaptées à l’IA, renforcement des filets sociaux et amélioration de la connectivité régionale. L’enjeu : transformer la croissance rapide en prospérité durable.
Consulter le rapport : South Asia Development Update



