COP 30 : L’urgence climatique s’impose mais les solutions tardent

La COP 30 s’achève sur des avancées notables — mais aussi des déceptions. Selon le rapport de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) publié pour l’occasion, la concentration des gaz à effet de serre continue d’atteindre des niveaux records, et 2025 figure comme l’une des années les plus chaudes jamais enregistrées, avec une température moyenne de janvier à août à +1,42 °C par rapport à l’ère préindustrielle. Ces constats scientifiques étaient au cœur des négociations : le sommet devait traduire l’urgence en actes.
Une adaptation financière multipliée… mais sans plan clair
Le principal succès de la COP 30 réside dans l’engagement à tripler le financement de l’adaptation d’ici 2035 — une mesure saluée comme cruciale pour les pays les plus vulnérables.Cependant, les détails restent flous : les contributeurs, les montants précis et la répartition ne sont pas entièrement définis, ce qui sème des doutes quant à l’implémentation réelle.
Parallèlement, un “Mécanisme de transition juste” est lancé pour accompagner les travailleurs des filières fossiles vers une économie plus verte — une évolution importante, mais sans garanties financières clairement chiffrées.
Une feuille de route avortée pour les énergies fossiles
C’est sans doute l’échec le plus significatif : malgré la pression d’une coalition de plus de 80 pays pour adopter un road-map vers la sortie du charbon, du pétrole et du gaz, aucun engagement explicite n’a été inscrit dans le texte final. Les États riches comme la Russie ou les grandes puissances pétrolières ont freiné des quatre fers, laissant le débat ouvert pour les prochaines COP.
Pour de nombreux observateurs, cette omission affaiblit la portée du sommet. Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, avait pourtant mis en garde dès l’ouverture : ne pas limiter le réchauffement à 1,5 °C, c’est « un échec moral et une négligence mortelle ».
Des engagements sur le méthane… à peine contraignants
Sur le méthane, ce gaz très polluant, la COP 30 a permis des engagements, notamment une coalition de 11 pays (France, Royaume-Uni, Japon, etc.) décidant de réduire les émissions dans le secteur des hydrocarbures d’ici 2030, en luttant contre les torchères et les fuites. Toutefois, ces engagements restent largement volontaires et non contraignants — un point de frustration pour certains militants écologistes qui jugent les annonces insuffisantes pour l’enjeu climatique mondial.
Focus sur l’adaptation humaine et les écosystèmes
La santé a été reconnue comme une priorité majeure : le Plan d’action santé de Belém (Belém Health Action Plan, BHAP) a été adopté pour renforcer les systèmes de santé face aux effets du climat, avec un engagement de 300 millions de dollars des philanthropes selon les sources officielles.
Un autre volet fort de la COP 30 : la protection des océans. Le 18 novembre, 17 pays ont rejoint le Blue NDC Challenge pour intégrer des solutions marines dans leurs plans climat. Une Partenariat “One Ocean” a été lancé avec pour ambition de mobiliser 20 milliards de dollars pour une économie bleue régénérative.
Un nouvel Agenda d’Action quinquennal 2025–2030

Les organisateurs ont rendu public un nouvel Agenda d’Action quinquennal (2025–2030), fruit de consultations dans 122 pays, qui doit guider les efforts mondiaux autour de l’Accord de Paris. Ce programme repose sur six axes thématiques : de la transition énergétique à la résilience des villes, en passant par la finance et les technologies.
Cependant, la présence massive de lobbyistes du secteur fossile a été pointée du doigt : plus de 1 600 représentants de l’industrie étaient présents à Belém, ce qui suscite des inquiétudes sur l’influence de ces acteurs sur les négociations.
Pour l’Afrique et les pays les plus vulnérables, le triplement de l’aide à l’adaptation est une victoire certaine — mais la crédibilité de l’ensemble du compromis dépendra de sa mise en œuvre effective
Au terme de la COP 30, le bilan apparaît comme modeste mais significatif : des pas en avant concrets du côté de l’adaptation, de la santé et des océans, mais un recul marqué sur la sortie des énergies fossiles.
Pour l’Afrique et les pays les plus vulnérables, le triplement de l’aide à l’adaptation est une victoire certaine — mais la crédibilité de l’ensemble du compromis dépendra de sa mise en œuvre effective.
Les ambitions affichées — transition énergétique, justice climatique, financement — restent un pari. Si les engagements ne sont pas traduits rapidement en actes tangibles, les discours risquent de rester des promesses creuses. La COP 31 devra clarifier la feuille de route énergétique et renforcer les garanties pour que cette “COP de l’action” ne reste pas un rendez-vous manqué.



