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Pourquoi l’Afrique n’est pas encore l’avenir des Africains ?

L’Afrique attire tous les regards et tous les espoirs, mais qui en récolte vraiment les fruits ? Entre promesses différées et participation limitée, le continent peine à transformer son potentiel en pouvoir local durable.

Par Farouk Mark Mukiibi*

L’une des réalités les plus choquantes est que la part de l’Afrique dans le commerce mondial représente à peine 3 %.

Pourtant, nous avons souvent tendance à donner des raisons toutes faites : infrastructures insuffisantes, financements limités, politiques faibles… pour un problème qui devrait d’abord commencer par la conscience de soi.

Car aucune transformation ne commence par le blâme.
Elle commence par se regarder dans le miroir et se demander : quelle version de la valeur croyons-nous défendre ?
Quel pouvoir possédons-nous dans le commerce mondial ?
Sommes-nous des clowns dans le jeu ou des rois sur l’échiquier ?

Tant que nous ne nous mesurerons pas avec honnêteté, nous continuerons à négocier depuis des positions que nous ne comprenons pas.

Le pouvoir dans le commerce ne réside pas dans l’expédition, mais dans la fixation des prix, des standards et de l’histoire

L’Afrique n’est pas absente du commerce mondial.
Nous y sommes pleinement présents… mais invisibles dans ses bénéfices.

Le véritable problème est une architecture silencieuse de soustraction structurelle,
un système conçu pour extraire notre présence sans nous donner de pouvoir,
pour récolter notre participation tout en niant un profit proportionnel à ceux qui restent aveugles.

La vérité, c’est que l’on peut être pleinement intégré et pourtant constamment diminué.

C’est le paradoxe dans lequel vit l’Afrique : plus nous commerçons, moins nous semblons accumuler.

L’Afrique ne profite pas du commerce mondial parce qu’elle n’exporte aucune signification.
Nous participons, mais nous ne présidons pas.
Nous déplaçons des marchandises, mais pas les règles du jeu.
Nous commerçons dans un système qui mesure le volume, pas le contrôle… alors que c’est le contrôle qui génère l’enrichissement.

Le pouvoir dans le commerce ne réside pas dans l’expédition, mais dans la fixation des prix, des standards et de l’histoire.

Nous confondons endurance et évolution.
Et ce faisant, nous prenons les applaudissements pour des progrès.

L’Afrique échange des biens déjà définis par d’autres,
puis célèbre l’invitation à participer.

Le système n’est pas brisé : il fonctionne parfaitement pour ceux qui le comprennent

Le système n’est pas brisé : il fonctionne parfaitement pour ceux qui le comprennent.
Nous confondons être invités à commercer avec être autorisés à gagner.
Nous oublions que bénéficier ne signifie pas seulement échanger :
c’est retenir, multiplier et définir la valeur selon nos propres termes.

Notre déficit le plus profond n’est pas financier, il est psychologique.
Car même lorsque l’Afrique « exporte davantage », la valeur s’échappe à travers des forces invisibles qui drainent le bénéfice avant même qu’il n’atteigne la maison.

L’Afrique doit passer de l’exportation de matières à l’exportation de signification, sinon elle n’évoluera pas.
Le véritable avantage commercial ne réside pas dans ce que nous fabriquons, mais dans ce que nous signifions.

Chaque économie respectée a d’abord maîtrisé l’art de définir sa propre histoire.
Le commerce suit le récit. Le récit suit l’identité. Et l’identité suit l’auto-définition.

Le rythme du mouvement nous trompe en nous faisant croire que nous progressons, alors que la boussole pointe encore vers la dépendance.

Nous devons investir dans le pouvoir de définir, car celui qui définit… décide.

Le jour où l’Afrique définira ce pour quoi le monde doit venir à elle, le commerce signifiera enfin bénéfice réel

Le jour où l’Afrique définira ce pour quoi le monde doit venir à elle, le commerce signifiera enfin bénéfice réel.

Jusque-là, nous continuerons à échanger ce que nous ne contrôlons pas et à célébrer l’accès à des systèmes qui n’étaient jamais faits pour nous récompenser.

Car tant que nous ne posséderons pas la logique de l’échange,
chaque boom se terminera encore par une simple note de remerciement.

Pour en savoir plus, consultez le guide des startups africaines : https://lnkd.in/dXuidwDX

*Farouk Mark Mukiibi est consultant en marketing et expert en stratégie de marques, spécialisé sur les marchés d’Afrique de l’Est et l’accompagnement des startups locales.

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