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Africa’s Pulse : la croissance de l’Afrique subsaharienne reste soutenue mais l’emploi demeure un défi majeur

L’économie de l’Afrique subsaharienne affiche une résilience notable, avec une croissance prévue à 3,8 % en 2025. Pourtant, le défi de l’emploi pour une population en pleine expansion demeure central, mettant en lumière la nécessité de réformes structurelles et d’investissements ciblés pour créer des emplois de qualité. Des conclusions qui trouvent un écho dans les récentes manifestations de la génération Gen Z, qui du Maroc au Kenya, en passant par Madagascar, réclament davantage d’emplois et l’amélioration de leurs conditions de vie…

L’économie de l’Afrique subsaharienne continue de faire preuve de résilience malgré un contexte mondial incertain. Selon le dernier rapport semestriel de la Banque mondiale, Africa’s Pulse, la croissance régionale devrait passer de 3,5 % en 2024 à 3,8 % cette année. Cette progression repose notamment sur l’atténuation des pressions inflationnistes et une reprise modeste des investissements. En juillet 2025, dix pays seulement enregistraient une inflation à deux chiffres, contre vingt-trois en octobre 2022, traduisant un processus de stabilisation des prix.

Le nombre de pays surendettés ou menacés de l’être a presque triplé

Cependant, ces projections restent fragiles. Les risques incluent les incertitudes des politiques commerciales mondiales, le désintérêt des investisseurs et le resserrement de l’offre de financements extérieurs, marqué par un déclin de l’aide publique au développement. La dette extérieure des pays de la région a plus que doublé au cours de la dernière décennie, atteignant 2 % du PIB en 2024, et le nombre de pays surendettés ou menacés de l’être a presque triplé, passant de huit en 2014 à 23 en 2025, soit près de la moitié des États subsahariens.

Le défi consistera à accompagner cette croissance démographique par la création d’emplois de meilleure qualité

La croissance actuelle reste insuffisante pour réduire significativement l’extrême pauvreté et générer les emplois nécessaires pour accompagner l’essor démographique. L’Afrique connaît en effet une transformation démographique rapide et massive, avec une population active qui devrait croître de plus de 600 millions de personnes au cours des 25 prochaines années, souligne Andrew Dabalen, économiste en chef de la Banque mondiale pour la Région Afrique. « Le défi consistera à accompagner cette croissance démographique par la création d’emplois de meilleure qualité, sachant que seulement 24 % des nouveaux travailleurs obtiennent aujourd’hui un emploi salarié », explique-t-il.

Attirer de nouvelles entreprises à forte croissance

Pour relever ce défi, le rapport Africa’s Pulse recommande plusieurs mesures prioritaires. Il s’agit d’abord de réduire le coût de l’activité économique, afin de permettre aux entreprises existantes de se développer et d’attirer de nouvelles entreprises à forte croissance. Ensuite, il faut investir dans des infrastructures de qualité — énergie, numérique, transport — et développer le capital humain et les compétences pour créer un écosystème favorable à l’emploi et à l’investissement. Le renforcement des institutions et de la gouvernance est également essentiel pour assurer la stabilité, réduire la corruption et offrir un environnement d’affaires prévisible.

Avec des réformes structurelles appropriées et des investissements ciblés, l’Afrique subsaharienne peut libérer tout son potentiel de création d’emplois et engager la région sur la voie d’une croissance durable et inclusive

Le rapport insiste également sur le rôle du secteur privé dans des industries clés comme l’agroalimentaire, le tourisme, les soins de santé, l’industrie minière, le logement et la construction. Chaque emploi créé dans le tourisme, par exemple, génère 1,5 emploi supplémentaire dans des secteurs connexes, illustrant l’effet multiplicateur d’une politique de croissance inclusive. Avec des réformes structurelles appropriées et des investissements ciblés, l’Afrique subsaharienne peut libérer tout son potentiel de création d’emplois et engager la région sur la voie d’une croissance durable et inclusive.

Au Kenya, Madagascar, Maroc, Algérie et Togo, la génération Gen Z réclame plus d’emplois et de meilleures conditions de vie, illustrant le décalage entre croissance économique et opportunités concrètes pour la jeunesse

Les conclusions du rapport trouvent un écho dans les récentes manifestations de jeunes au Kenya, Madagascar, Maroc, Algérie et Togo, majoritairement issues de la génération Gen Z, qui réclament davantage d’emplois et l’amélioration de leurs conditions de vie. Ces mobilisations illustrent le décalage entre la croissance économique globale et les opportunités concrètes pour la jeunesse. Elles soulignent l’urgence de traduire la résilience macroéconomique en création d’emplois durables et de qualité, afin de prévenir les tensions sociales et d’assurer une croissance réellement inclusive. Le rapport de la Banque mondiale confirme que, sans une accélération des réformes structurelles et des investissements dans les secteurs créateurs d’emplois, la frustration de la jeunesse pourrait continuer à se manifester de manière croissante à travers la région…

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