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ONU 2025 : à New York, l’Afrique réclame ses promesses

La 80ᵉ Assemblée générale des Nations unies, qui s’est tenue du 9 au 23 septembre à New York, a mis l’Afrique au centre des discours, entre appels à la paix au Soudan, justice climatique et réforme du système financier international. Mais derrière les déclarations, les délégations africaines repartent avec une réalité contrastée : davantage de visibilité diplomatique, peu d’engagements concrets. Retour sur les conclusions de l’Assemblée générale 2025 de l’ONU.

Le rendez-vous onusien de septembre a confirmé que l’Afrique n’est plus reléguée aux marges des débats mondiaux. Les interventions de ses chefs d’État et de ses diplomates ont rythmé la 80ᵉ session de l’Assemblée générale, en insistant sur quatre urgences : la paix, le climat, le financement du développement et la réforme de la gouvernance mondiale. Mais si le continent a gagné en place à la tribune, il attend toujours que les promesses se traduisent en actes.

Le continent se tient au centre de l’opportunité. Il est temps d’investir dans ses personnes, son potentiel et son avenir

Dès l’ouverture, António Guterres a donné le ton. « Le continent se tient au centre de l’opportunité. Il est temps d’investir dans ses personnes, son potentiel et son avenir », a affirmé le Secrétaire général de l’ONU lors du forum Unstoppable Africa 2025. En rappelant que « les minerais critiques du continent sont essentiels à la transition mondiale », il a replacé l’Afrique au cœur de la bataille pour les technologies vertes. Cette reconnaissance symbolique tranche avec la difficulté persistante à mobiliser des financements adaptés aux besoins africains.

Le dossier soudanais illustre cette contradiction. La guerre civile, qui a déjà fait des dizaines de milliers de morts et déplacé plus de 10 millions de personnes, a dominé les discussions. Les appels au cessez-le-feu humanitaire et à un processus politique inclusif ont été répétés. Mais à la clôture de la session, aucune feuille de route contraignante n’avait été adoptée. Pour de nombreux observateurs africains, cette incapacité de la communauté internationale à agir de manière décisive alimente un sentiment d’abandon.

Les populations africaines paient déjà le prix des sécheresses, des inondations et des crises alimentaires

Le climat a constitué un autre champ de bataille diplomatique. L’Afrique, responsable de moins de 4 % des émissions mondiales mais parmi les régions les plus touchées, a martelé ses revendications de justice climatique. Les dirigeants ont insisté sur la nécessité de financements stables pour l’adaptation et les pertes et dommages. « Les populations africaines paient déjà le prix des sécheresses, des inondations et des crises alimentaires », a rappelé le président kenyan William Ruto. Pourtant, la session n’a pas abouti à la création d’un mécanisme spécifique pour l’Afrique, renvoyant les discussions à la COP30.

Sur le plan économique, la question de la dette a été centrale

Sur le plan économique, la question de la dette a été centrale. « Plusieurs pays africains dépensent davantage pour le service de la dette que pour l’éducation et la santé », a dénoncé Cyril Ramaphosa, président de l’Afrique du Sud. Il a appelé à une réforme en profondeur des institutions financières internationales, une demande reprise par de nombreux États africains. Les forums parallèles ont vanté l’industrialisation verte et le numérique comme leviers de croissance, mais de nombreux experts africains mettent en garde contre un « carnet de promesses », où les annonces spectaculaires risquent de rester sans suite.

La réforme de la gouvernance mondiale a également animé les débats. Les délégations africaines ont exigé une représentation accrue au Conseil de sécurité et dans les institutions financières internationales. Si leurs appels ont trouvé un large écho, aucune avancée structurelle n’a été entérinée, confirmant que l’Afrique doit encore batailler pour faire évoluer l’architecture multilatérale.

Dans les documents adoptés, on retrouve des avancées symboliques : soutien renforcé aux missions de paix africaines, réaffirmation de l’Agenda 2063 de l’Union africaine et des Objectifs de développement durable. Mais ces engagements manquent de précisions sur les calendriers et les financements.

Sur le plan opérationnel, les résultats restent limités

À l’issue de cette Assemblée générale, l’Afrique repart avec une double réalité. Sur le plan diplomatique, sa visibilité est indéniablement renforcée, et ses revendications — justice climatique, allègement de la dette, place accrue dans la gouvernance mondiale — sont désormais difficilement contestables. Mais sur le plan opérationnel, les résultats restent limités. Le véritable test s’annonce dans les prochains mois : transformer des résolutions en budgets, des promesses en projets, et des discours en impacts concrets pour les populations.

Comme le résume un diplomate ouest-africain cité en marge de la session : « Nous avons gagné la bataille des mots. La bataille décisive sera celle des moyens. »

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