Gounou Moutawakilou : « Tout le monde veut parler avec l’Afrique… Sauf l’Afrique avec elle-même ! »
Dans cette Cart’Afrik, Gounou Moutawakilou, président de Gounou, pousse un cri de vérité : tout le monde veut dialoguer avec l’Afrique… sauf l’Afrique avec elle-même. Derrière les milliards d’investissements étrangers et les promesses de libre-échange, il pointe l’urgence d’une vraie priorité : se parler entre Africains, pour bâtir notre avenir de l’intérieur. Par Gounou Moutawakilou*

Sommet Japon–Afrique, Chine–Afrique, USA–Afrique, Qatar–Afrique, Allemagne–Afrique, même Italie–Afrique (oui, l’Italie !)…
Mais l’Afrique ? Quand est-ce qu’elle s’assoit pour se parler à elle-même ?
Parce que le vrai bug est là.
On court chercher des « innovations » à des milliers de kilomètres… alors que des solutions pratiques roupillent à 20 km de chez nous
On court chercher des « innovations » à des milliers de kilomètres… alors que des solutions pratiques roupillent à 20 km de chez nous.
En 2023, on nous a servi 53 milliards de dollars d’IDE. En 2024, on a doublé : 97 milliards. Ça impressionne sur un plateau télé. Mais à côté des 3 400 milliards de commerce intra-africain qu’on s’interdit, c’est du pourboire.
On préfère faire la manche à Pékin ou Paris… plutôt qu’ouvrir le tiroir-caisse du voisin.
Et si on pousse un peu plus loin :
On nous a vendu la Zone de libre-échange africaine avec trompettes et projecteurs. Sur le papier, c’est Netflix. Dans la vraie vie, c’est une VHS rayée sous la pluie.
Cinq ans après, quelqu’un peut dire quand ça commence vraiment ?
Un Européen voyage plus facilement en Afrique… qu’un Africain.
La libre circulation ? Adoptée il y a six ans, ratifiée par… quatre pays
La libre circulation ? Adoptée il y a six ans, ratifiée par… quatre pays. Résultat : traverser une frontière africaine, c’est Koh-Lanta version bureau de douane.
Et pour les paiements ? Même parcours du combattant.
Tu veux payer un fournisseur au Ghana depuis le Bénin ? Prépare ta sueur.
Tu transpireras plus que pour envoyer un virement en Europe.
Le PAPSS existe, seize banques centrales connectées… mais tant que tout le monde n’est pas branché, c’est WhatsApp avec trois contacts : ça ne sert à rien.
il ne s’agit pas de refuser d’échanger avec le monde. Il s’agit de savoir poser les priorités. Et la priorité n°1 devrait être simple : se parler entre nous
Soyons clairs : il ne s’agit pas de refuser d’échanger avec le monde. Il s’agit de savoir poser les priorités. Et la priorité n°1 devrait être simple : se parler entre nous.
Avant de séduire le monde, commençons par nous écouter.
Entre nous. Pour nous. Avec nous.
Le reste suivra.