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Muhammadu Buhari : deux vies pour une nation

Président du Nigeria à deux reprises – d’abord en treillis, puis en costume civil –, Muhammadu Buhari laisse derrière lui un parcours politique dense, marqué par des choix économiques forts, une lutte contre la corruption et des défis sécuritaires persistants, mais aussi par une gouvernance parfois critiquée. Retour sur la vie de cet acteur majeur de la politique nigériane contemporaine.

C’est par l’uniforme que Muhammadu Buhari s’impose dans l’histoire du Nigeria. Enrôlé jeune dans l’armée, formé au Royaume-Uni, au Nigeria et en Inde, il fait partie de cette génération de militaires qui façonneront la politique du pays post-indépendance. En décembre 1983, il prend le pouvoir par un coup d’État, renversant le président civil Shehu Shagari. À la tête du pays, il lance une croisade contre la corruption, impose la discipline à tous les niveaux de la société et gouverne avec une main de fer.

Son style autoritaire, illustré par des arrestations arbitraires et des restrictions sévères des libertés, finit par provoquer son renversement en 1985 par un autre général, Ibrahim Babangida.

Le premier opposant de l’histoire du Nigeria à battre un président sortant dans les urnes

Après une longue traversée du désert politique, Buhari revient sur le devant de la scène au début des années 2000, cette fois sous les habits de candidat démocrate. C’est en 2015 qu’il remporte enfin la présidence civile, devenant le premier opposant de l’histoire du Nigeria à battre un président sortant dans les urnes. Il est réélu en 2019 pour un second mandat.

Une politique de diversification économique et d’investissements…une gouvernance jugée trop centralisée

Durant ses huit années au pouvoir, il met en avant une lutte renforcée contre la corruption, une politique de diversification économique et d’investissements dans les infrastructures. Son administration réussit notamment à stabiliser l’économie après la chute des cours du pétrole, et à renforcer le rôle de l’agriculture et du numérique dans le PIB nigérian.

Mais son second passage à la tête du Nigeria est aussi entaché de critiques. L’insécurité, notamment dans le nord du pays avec Boko Haram et les groupes armés, s’est aggravée, tout comme les tensions communautaires. Beaucoup dénoncent une gouvernance trop centralisée, une justice parfois instrumentalisée et un manque d’empathie face aux crises sociales. Son état de santé, longtemps tenu secret, alimente aussi les spéculations.

Décédé le 13 juillet 2025, Muhammadu Buhari laisse un Nigeria en mutation, tiraillé entre modernisation économique et fractures sociales persistantes. Les hommages se sont multipliés dans tout le pays et au-delà, soulignant le rôle de cet homme à l’allure austère, dont la droiture a fasciné autant qu’elle a dérouté.

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