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PAPSSCARD : l’Afrique trace sa voie vers la souveraineté financière

Lancée à Abuja lors des 32e Assemblées annuelles d’Afreximbank, PAPSSCARD est la première carte de paiement panafricaine. Elle incarne un tournant stratégique vers une Afrique plus intégrée, autonome et connectée.

Le 27 juin 2025, l’Afrique a franchi une étape majeure vers son indépendance financière. À Abuja, capitale du Nigéria, la carte PAPSSCARD a été dévoilée lors d’un événement historique : les Assemblées annuelles d’Afreximbank. Ce nouvel outil de paiement incarne bien plus qu’un simple service bancaire : il représente un levier structurant pour l’intégration continentale, le commerce intra-africain et la souveraineté économique.

Un système pensé par l’Afrique, pour l’Afrique

Fruit d’une collaboration entre la Banque africaine d’export-import (Afreximbank), le Pan-African Payment and Settlement System (PAPSS) et Mercury Payment Services, PAPSSCARD permettra aux particuliers, entreprises, banques et États d’effectuer des transactions sécurisées, rapides et peu coûteuses à travers les frontières africaines — sans dépendre des réseaux internationaux comme Visa ou Mastercard.

Jusqu’à présent, la majorité des paiements par carte en Afrique transitaient par des systèmes étrangers, générant des frais élevés et une fuite massive de données. PAPSSCARD ambitionne de changer la donne, en traitant les paiements entièrement sur le continent. « Trop longtemps, notre dépendance à des systèmes extérieurs a freiné le commerce, augmenté les coûts et fragilisé notre souveraineté financière », a déclaré Benedict Oramah, président d’Afreximbank. « PAPSSCARD redonne le pouvoir à l’Afrique ».

Une réponse concrète aux besoins du continent

Plus qu’un outil technique, PAPSSCARD incarne une vision. « C’est un symbole de progrès et un pas audacieux vers notre indépendance », souligne Mike Ogbalu III, directeur général de PAPSS. Muzaffer Khokhar, président exécutif de Mercury, renchérit : « Nous construisons une marque de paiement fiable, façonnée par l’Afrique elle-même ».

Le système s’adresse à une large gamme d’acteurs : gouvernements, banques centrales, commerçants, PME, et citoyens. Il s’appuie sur des partenariats clés avec Bank of Kigali, I&M Bank Rwanda, Rswitch et Unified Payments, pour assurer une mise en œuvre fluide à travers le continent.

Un marché en pleine expansion

Selon Afreximbank, le marché africain des paiements transfrontaliers est estimé à 329 milliards de dollars en 2025. Il pourrait atteindre 1 000 milliards de dollars d’ici 2035, avec une croissance annuelle moyenne de 12 %. PAPSS, déjà opérationnel depuis 2022, devrait permettre d’économiser jusqu’à 5 milliards de dollars par an en frais de transaction liés à l’utilisation de systèmes de paiement internationaux.

Ces gains potentiels soulignent l’importance d’une infrastructure conçue localement, ancrée dans les réalités africaines, et alignée sur les objectifs de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).

Une ambition d’intégration continentale

PAPSSCARD s’inscrit dans un projet plus vaste : l’unification des systèmes financiers du continent. En connectant les banques centrales africaines et les plateformes régionales de paiement, elle contribue à bâtir un espace économique intégré. John Bosco Sebabi, CEO par intérim de PAPSSCARD, estime que ce système « réduira les coûts, stimulera l’innovation et élargira l’accès aux services financiers modernes ».

Le choix de lancer cette carte à Abuja n’est pas anodin. Capitale d’une Afrique de l’Ouest dynamique, la ville symbolise l’élan régional en faveur de l’intégration économique. PAPSS a d’ailleurs été testé dès 2021 dans la West African Monetary Zone, avec des résultats prometteurs.

Des défis à surmonter

Malgré les ambitions, plusieurs obstacles devront être levés. L’accès inégal aux technologies numériques, notamment dans les zones rurales, pourrait freiner l’adoption de la carte. La cybersécurité et l’harmonisation réglementaire entre les pays membres de la ZLECAf sont également des priorités. Les géants mondiaux du paiement comme Visa et Mastercard pourraient aussi revoir leurs stratégies tarifaires face à la montée d’un concurrent continental.

Cependant, PAPSSCARD bénéficie d’un avantage décisif : sa légitimité africaine. « Built by Africa, for Africa », cette carte est pensée pour répondre aux réalités économiques du continent, en valorisant les talents et les solutions locales.

Vers une Afrique maîtresse de sa finance

PAPSSCARD est plus qu’une carte. C’est un manifeste. Il incarne l’Afrique qui prend son destin en main, qui investit dans ses infrastructures, qui renforce ses chaînes de valeur internes. À l’heure où les tensions géopolitiques mondiales fragilisent les flux financiers traditionnels, ce type d’initiative marque un tournant.

La souveraineté financière ne se décrète pas. Elle se construit. Et avec PAPSSCARD, l’Afrique a posé une première pierre solide.

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