Crises en Libye et au Sahel, Zleca, Coronavirus… Autant de questions, majeures, qui ont alimentées les débats du 33e sommet de l’Union africaine (UA) qui se tenait les 9 et 10 février à Addis-Abeba. Il aura également été question d’unité, ou plus exactement l’absence d’unité alors que Moussa Faki Mahamat, Président de la Commission de l’Union africaine, a déploré le manque de solidarité entre les pays africains.
Par Bilkiss Mentari
Le thème choisi pour le 33ème sommet de l’Union africaine (UA) qui se tenait les 9 et 10 février à Addis-Abeba, « Faire taire les armes: créer des conditions propices au développement de l’Afrique», aura été l’occasion d’évoquer les crises, en Libye, au Sahel, en Centrafrique, au Sahara Occidental, au Soudan,… Des conflits qui perdurent et entravent l’essor d’un continent qui, en dépit d’une réelle croissance économique, doit encore faire face aux défis de la paix et de la sécurité.
33ème Sommet de l’Union Africaine
« Ce déficit de solidarité agissante est l’une des grandes fragilités de nos systèmes de résistance et de nos capacités globales de résilience continentale »
« L’année qui vient de s’achever n’a pas été une année de pleine paix et d’harmonie dans le monde. Celle qui s’ouvre n’annonce pas non plus que nous sommes au bout de nos peines. Elle nous appelle à la nécessité d’une constante mobilisation de toutes les énergies pour relever des défis ardus » aura ainsi exhorté Moussa Faki Mahamat, Président de la Commission de l’Union africaine. Avant de déplorer : « le déficit de solidarité africaine » entre les pays du continent, à l’égard des plus faibles notamment, qu’il juge « déconcertant ». « Comment échapper à l’insoutenable questionnement sur nos silences au sujet de la situation de ces pays frères ? Pour parler sans détours, en dehors des pays victimes eux-mêmes, du Rwanda et de l’annonce de la CEDEAO, aucun autre État africain, à notre connaissance, y compris ceux de notre Union qui disposent d’importants potentiels économique, financier, industriel, logistique et militaire, n’a fait le geste de solidarité que les frères, en péril, sont en droit d’attendre. Ce déficit de solidarité agissante est l’une des grandes fragilités de nos systèmes de résistance et de nos capacités globales de résilience continentale. Je souhaite vivement que cette solidarité africaine soit le fer de lance de la coalition internationale pour le Sahel qui nous unit avec nos amis et partenaires dans le monde. »
ZLECAf : « C’est un accord historique en ce sens qu’il consacre l’un des grands rêves des pères fondateurs de notre organisation et se situe au cœur des aspirations à l’intégration économique du continent »
L’heure a donc sonné, selon lui, pour le « creuset de l’unité africaine », à savoir l’Union africaine, de revenir à ses fondamentaux. Une institution, soulignera-t-il, traversée par un vent de réformes, qui auront, assurera-t-il, enregistrés des « progrès significatifs ». « Ces progrès ont touché la restructuration et l’obligation redditionnelle de la Commission, la gouvernance et la cohérence entre les différents organes, la division du travail entre l’Union et les Communautés Économiques Régionales, la question des partenariats ainsi que la mise en œuvre du nouveau système de financement de l’Union. » Et d’en venir à la ZLECAf, qui offre au continent de nouvelles opportunités. En faveur de l’intégration régionale notamment. « C’est un accord historique en ce sens qu’il consacre l’un des grands rêves des pères fondateurs de notre organisation et se situe au cœur des aspirations à l’intégration économique du continent. »
Crise Libyenne L’UA « systématiquement ignorée »
Cyril Ramaphosa, président d’Afrique du Sud
Ainsi, alors que le président sud-africain Cyril Ramaphosa succède à l’Égyptien Abdel Fatah al-Sissi à la tête de l’UA dans le cadre de la présidence tournante, le RDV annuel de l’Union africaine, s’est conclu sur une volonté de s’affirmer et d’apporter des solutions africaines aux défis du continent, en premier lieux le conflit libyen qui a, une nouvelle fois, démontré l’incapacité de l’Afrique, « systématiquement ignorée » selon les termes de Moussa Faki, à faire entendre sa voix. Reste à savoir si les chefs d’États présents répondront à l’appel du secrétaire de l’Union africaine… En attendant, organisé en marge du Sommet, le sommet extraordinaire de la CEDEAO, marqué par la présence de la plupart des chefs d´état de la sous-région, aura de nouveau révélé les dissensions entre les pays d’Afrique de l’Ouest. Sur la question de la monnaie commune notamment…